Le temps est-il venu pour Ali Benflis de passer le témoin et de quitter définitivement la scène politique ? En effet, tout porte à le croire au vu de l'ambiance morose qui a régné hier dans l'après-midi au siège du parti et les figures défaites des plus proches collaborateurs du secrétaire général du FLN. La crainte d'un bouleversement des équilibres au sein du parti est largement évoquée par tous les responsables approchés qui redoutent au plus haut niveau la décomposition programmée du FLN et sa remise au placard dans le musée de l'histoire. Aussi, s'accordent-ils tous pour l'instant sur la nécessité de maintenir la «cohésion et l'unification» des rangs et par ricochet celle du parti, nonobstant celui qui aura à prendre la relève d'Ali Benflis. La volte-face soudaine d'Azzedine Youbi, ex-ministre des Télécommunications et un des plus proches collaborateurs de Benflis est largement commentée par les responsables du FLN qui citent cet exemple pour justifier leur crainte d'une «domestication du FLN». Cette sortie inattendue de Youbi a littéralement mis «groggy» les cadres du parti qui refusent pour le moment de lui donner une «lecture politique» même s'il se dit à demi-mot qu'une haute personnalité, originaire de son patelin est à l'origine de son ralliement aux thèses des redresseurs. La réunion extraordinaire du comité central prévue cet après-midi au siège du FLN et non pas à l'hôtel des Sables d'or, - la fameuse autorisation ne leur a pas été délivrée par les services de la wilaya d'Alger - devra néanmoins accepter la démission d'Ali Benflis qui profitera de cette occasion pour faire une intervention politique dans laquelle il ne manquera pas de faire le bilan de sa campagne électorale et aussi de donner les raisons précises de son retrait du poste de secrétaire général du parti. C'est en tout cas ce qui ressort des propos du porte-parole du FLN, Abdeslem Medjahed qui n'exclut pas un retournement de situation car dira-t-il «d'énormes pressions sont exercées sur les membres du comité central pour les amener à retirer leur confiance à Ali Benflis». Mais, ajoute notre interlocuteur, Ali Benflis «n'est pas prêt à jeter l'éponge, même s'il remet son mandat en jeu. L'essentiel pour nous, ajoutera-t-il, est d'imprimer au parti une autre dynamique et, si hier la vision et le programme de Benflis ont réussi à fédérer autour de lui la majorité des militants, il reste pour l'instant la seule alternative», excluant ainsi tout rapprochement stratégique avec les redresseurs : «On n'est pas d'accord politiquement et pas seulement sur le plan organique. Le fossé est très grand entre nous et le mouvement des redresseurs et la décantation ne peut se faire que sur une base évolutive.» Pour l'heure, les organisateurs de cette rencontre semblent plus que concentrés sur la tenue de la session extraordinaire et aussi sur les problèmes d'hébergement des 236 membres du comité central invités à prendre part à cette rencontre. Le porte-parole du FLN ne se fait pas trop de sang d'encre au sujet du fameux quorum, car tient-il à préciser «même si les 2/3, c'est-à-dire 120 membres du comité central, ne sont pas réunis et la rencontre sitôt levée faute de quorum, on convoquera une deuxième rencontre dans l'heure qui suit. La seconde réunion est statutairement légale et par conséquent toutes les décisions issues de celle-ci sont pertinentes». Une seconde appréhension guette les responsables du FLN. Au lendemain de la réunion du comité central qui désignera probablement le futur secrétaire général ou maintiendra sa confiance à Ali Benflis, une autre épreuve attend le président de l'APN, Karim Younès qui demandera aux 150 députés de son parti un «renouvellement de confiance» par le biais d'un vote démocratique, tient-on à souligner du côté du FLN qui se déroulera dans l'enceinte de l'Assemblée populaire nationale.