Une série de préalables a été définie afin que le congrès de réunification puisse se tenir dans les meilleures conditions. Une nouvelle réunion a eu lieu hier au siège du FLN entre la direction issue de la rencontre à laquelle avait appelé Ali Benflis avant de démissionner et les principaux dirigeants du mouvement de redressement de ce parti. Etaient notamment présents Bouhadja, Amar Tou, Abdelhamid Si Affif, Saïd Barkat, Harraoubia, Mohamed-Seghir Kara, Haïchour, Abdelkader Messahel, Hadjar, Layachi Daâdoua et Abdelaziz Belkhadem du côté des redresseurs et Goudjil, Maâzouzi, Seddiki, Belaïd, Bounekraf, Abdelkrim Abada et Abderrahmane Belayat du côté de l'aile anciennement pro-Benflis. La rencontre, qui s'est déroulée à huis clos jusqu'à une heure avancée de l'après-midi, n'a pas permis d'aplanir les divergences afin que soit mise en place la structure provisoire chargée de gérer les affaires courantes du FLN en attendant la tenue du 8e congrès, dit de réunification. Selon les premiers éléments d'information que nous avons pu obtenir de sources proches de cette rencontre, «une série de préalables a été posée par les dirigeants du mouvement de redressement afin de mettre en place le maximum de garanties pour la tenue d'un congrès réellement démocratique et transparent». La toute première des conditions, apprend-on, consiste à contrer le «cadeau empoisonné» qu'a laissé Benflis en démissionnant. Il était en effet revenu au comité central issu du 7e congrès. «Il faut cesser de prendre pour seule référence cette instance». Nos sources, qui évitent de revenir sur le fait qu'en dépit de leur appel au boycott de la rencontre de lundi passé, Benflis semble avoir atteint son quorum, se contentent de souligner que «le mandat de ce comité central a expiré depuis près de deux années». Elles ajoutent que «le terme de réunification implique que d'autres structures et d'autres figures soient impliquées activement dans les préparatifs liés à la préparation de ces assises». Sans aller jusqu'à parler de chasse systématique aux pro-Benflis, nos sources ajoutent qu'il a été convenu que «dans le but de corriger les dérapages et irrégularités commis, il faut revenir à la situation qui prévalait avant le 20 septembre 2001». Il y a lieu de noter, à ce propos, que cette date est celle de la réunion du comité central qui avait permis à Benhamouda de remettre les clés du pouvoir à son dauphin Benflis. Nos sources insistent à propos de cette question sur «la nécessité de revenir sur les décisions de dissolution arbitraires de 25 mouhafadhas et 400 bureaux de kasmas et leur remplacement par des instances illégales». Il est à rappeler que ces mesures disciplinaires avaient été prises par Benflis en 2002, à la suite de la fronde qui avait accompagné la préparation des listes de candidatures aux législatives du mois de mai de cette année. L'embryon du mouvement de redressement, tel que nous le connaissons présentement, avait, au reste, pris naissance à partir de cette époque. La troisième condition, directement liée à la précédente, consiste à exiger que «ceux qui ont failli à la morale partisane et qui ont enfoncé les symboles de l'Etat ne soient plus autorisés à occuper des postes d'avant-garde à la tête de ce parti». L'allusion concerne, sans nul doute, les députés et membres du bureau politique qui se sont particulièrement distingués par leur soutien à Benflis et leurs attaques vitriolées contre le président Bouteflika. Ce dernier, dont l'ombre continue de régner sur les travaux de ces rencontres préliminaires, est cité en exemple dans la quatrième condition pour dire que «la ligne politique doit impérativement être corrigée à la faveur du choix électoral de l'écrasante majorité des militants qui ont opté pour le président Bouteflika et pour un parti fort et parfaitement éloigné de l'opposition». En attendant que l'ensemble de ces questions soient définitivement tranchées et, partant, que d'autres têtes soient sacrifiées sur l'autel de la réconciliation, les tractations trouvent beaucoup de mal à avancer dans le sens souhaité. La direction collégiale chargée de gérer les affaires courantes n'a toujours pas été dégagée alors que d'âpres débats continuent d'entourer la composition de la future commission chargée de préparer le 8e congrès bis. Les contacts entre les deux camps, nous dit-on, se poursuivent et des résultats probants sont à espérer d'ici à la fin de cette semaine. En attendant, les redresseurs, qui considèrent être les meilleurs détenteurs de la légitimité de ce parti, et qui ne reconnaissent pas l'instance mise en place par Benflis avant son départ, ont occupé le siège national du FLN et commencent à prendre le contrôle des mouhafadhas et des kasmas, plaçant devant le fait accompli le camp adverse, trop occupé qu'il est à digérer sa défaite.