Pour notre ancien ambassadeur à Téhéran, la seule sortie de secours reste une démission du parti. Rien n'est encore joué au sein du FLN, même si les plus gros risques ont définitivement été écartés. C'est ce que nous a laissé entendre hier Abdelkader Hadjar qui, d'entrée de jeu, a confirmé avoir reçu une invitation pour la tenue de la réunion du comité central issu du 7e congrès du FLN. «L'invitation, relative à un seul point d'ordre organique, est signée de la main d'Ali Benflis en sa qualité de secrétaire général du FLN.» Hadjar, qui compte boycotter l'appel, et qui ajoute avoir pris langue avec la plupart des membres de cette instance pour les amener à en faire autant, précise que «Benflis s'est piégé lui-même à travers cette initiative». Notre source explique, en effet, qu' «en agissant de la sorte, Benflis admet implicitement l'invalidation du 8e congrès. Or, dans le même temps, le mandat du secrétaire général issu du 7e congrès ne dure que cinq années. Il est de ce fait exprimé depuis près de deux années». Hadjar dénie donc sa qualité de secrétaire général à Benflis. Il ajoute que «la réunion à laquelle il a appelé est vouée à l'échec dans tous les cas de figure puisqu'elle ne repose sur aucun fondement légal». Il conseille au passage à Benflis de «sortir par la grande porte en démissionnant de toutes les instances du parti avant qu'il ne soit trop tard pour lui». Pour ce qui est de la rencontre elle-même, intervenant le jour-même de la prestation de serment de Bouteflika, cérémonie de laquelle seront absents de facto l'ensemble des pro-Benflis demeurés fidèles à leur ligne, tout porte à croire que cette réunion a toutes les chances de ne pas avoir lieu. Le porte-parole du parti, Abdesselam Medjahed, qui confirme implicitement que l'autorisation n'a pas été accordée pour les Sables d'Or de Zéralda, fait référence au fameux congrès extraordinaire pour dire qu'il serait fait appel, en extrême recours, au siège national de ce parti. C'est en effet cette éventualité extrême qui a fini par être retenue, hier, à une heure avancée de l'après-midi, puisque la rencontre a été retenue pour aujourd'hui, à 15 heures au siège national du Fln. Si tous les indices tendent à confirmer que la fin de la tendance Benflis ne fait plus de doute, à la faveur de ses résultats obtenus lors de la présidentielle du 8 avril passé, la question se pose concernant la manière avec laquelle cela va se faire. Hadjar, principale cheville ouvrière du mouvement de redressement, n'a de cesse de profiter de toutes les tribunes qui lui sont offertes pour en appeler «à la sagesse afin que l'ensemble des cadres et des militants se joignent à la dynamique consistant à aller vers un congrès rassembleur». Celui-ci n'est pas envisageable avant un mois ou deux, le temps que les troupes soient rassemblées. S'agissant de la possibilité de voir Mehri prendre la tête du FLN nouveau, en sa qualité de «sage transcendant» les clivages existants, Hadjar dément indirectement l'information en indiquant ne pas lui avoir parlé depuis 1996. Ce n'est pas le cas, pourtant, de Belkhadem qui précise être en contact téléphonique permanent avec Mehri. Les analystes, qui soulignent à quel point Mehri avait su rendre autonome le FLN du temps où il en était secrétaire général, écartent tout simplement la thèse qu'il soit fait appel à lui, quoi que puisse en penser le coordonnateur national du mouvement de redressement, à cause des risques de voir le FLN échapper de nouveau au contrôle de la fameuse «alliance présidentielle». Benhamouda, qui aurait pu jouer ce rôle, selon Hadjar, «a failli en se fourvoyant avec Benflis pour de vulgaires raisons de vengeance personnelle et d'affinités suspectes entre un enfant de chahid et un moudjahid». Hadjar, qui signifie clairement la « mort politique » d'un Benflis, lequel a joué gros avant de tout perdre, nous raconte en exclusivité que «Benflis avait dépêché 16 des membres du CC représentant les quatre régions du pays sous la conduite d'Ahmed Mamouni afin de pousser Benhamouda à démissionner». Il ajoute que «Benflis, qui avait également pris langue avec moi alors que je me trouvais à Téhéran, a requis mon aide en me faisant croire qu'il ne faisait cela que dans le but de servir le président pour un second mandat». Or, «lorsque le complot a été éventé, à la suite de la mascarade du 8e congrès, il était tout à fait normal qu'un important mouvement de protestation voit le jour, et qu'il finisse par triompher». Abdelkader Hadjar, qui pense que le congrès rassembleur a toutes les chances de réussir dans un délai très raisonnable, et qui pense que beaucoup d'importantes figures vont réintégrer le bercail, met en avant «la présence de contacts et de dialogue entre les différentes tendances sans qu'il n'ait jamais été question de négociation autour du profil de la future direction du FLN». Toujours est-il que la fameuse commission de préparation du congrès rassembleur sera mise en place avant la fin de cette semaine. Outre les membres du bureau national du mouvement de redressement, y seront présents des éléments des comités centraux issus du 7e et du 8e congrès du FLN, mais aussi de nombreuses personnalités historiques et autres dont les noms, apprend-on, seront communiqués dans les tout prochains jours.