Dans un long courrier transmis aux militantes et militants du parti et dont nous détenons une copie, les membres de la fédération de Béjaïa confirment et expliquent leur démission collective à laquelle se sont joints une dizaine d'élus locaux. Dans un rapport de quatre pages, les démissionnaires ont développé dans le détail les raisons les ayant amené à claquer la porte dans une décision collective qui risque d'affecter sérieusement le parti, déjà en proie à une contestation, non seulement populaire dans certaines des communes qu'il gère, mais également des militants de base au niveau de plusieurs sections. Les rédacteurs du document sont remontés jusqu'au congrès pour tenter de convaincre la base militante de leur geste. Un geste qui «remettra au travail les adeptes de l'intox et la désinformation pour réduire notre décision à une quelconque saute d'humour», ironisent-ils. La première dérive de la direction du parti est arrivée, selon les démissionnaires, à la faveur de l'annulation de la marche des élus le mois d'avril de l'année dernière. L'autre fait remonte au mois d'octobre dernier dans le sillage des préparatifs du cinquantenaire du parti. L'appareil du parti «a usé de tout artifice pour torpiller le projet de réalisation et d'inauguration de la stèle en hommage aux martyrs du FFS de 1963 à Akfadou». Lequel projet relevait d'une proposition d'un député et premier secrétaire fédéral du parti à Béjaïa, Khaled Tazaghart, en l'occurrence. Cités nommément, certains députés et élus se sont, non seulement opposés à la concrétisation du projet, mais ont également refusé de mettre la main à la poche pour financer le projet. L'initiateur du projet avait auparavant fait l'objet de pression de certains cadres du parti qui voulaient son départ du poste de fédéral de Béjaïa. Le conseil fédéral du FFS qui devait se tenir dans la commune de Tamridjt, a été annulé sur «décision» de la direction du parti et remplacé par une réunion à Oued Amizour pour désigner un nouveau bureau fédéral de Béjaïa, en remplacement de l'équipe proche de Khaled Tazaghart. La crise au sein du Front des forces socialistes qui s'est faite au grand jour à Béjaïa, serait plus profonde à en croire certains militants et aurait même le consentement de l'ex-président du parti. Un parti dont la perplexité est flagrante quant à sa position par rapport à la prochaine présidentielle. Il est à noter que la direction nationale du parti n'a pas encore réagi à cette saignée collective et n'a pas souhaité la commenter.