Cette journée ne porte en elle aucune coloration politique. Les principales villes de Kabylie vivront, aujourd'hui, au rythme de deux marches populaires appuyées par une grève générale qui touchera tous les secteurs d'activités. Un scénario devenu habituel depuis les événements d'avril 1980. Depuis cette date historique, il ne se passe pas une année sans que la population de la région ne descende dans la rue pour célébrer l'événement qui marque l'histoire récente du pays sur fond, bien sûr, de protestation. Si, pour la grève générale, un suivi massif est attendu pour cette journée, qui ne porte en elle aucune coloration politique et partisane, il n'en demeure pas moins que pour les deux marches du jour, la situation se présente autrement. L'indifférence affichée par les citoyens, hier, n'est pas de nature à tabler sur une participation massive, même si contrairement aux manifestations initiées, dans d'autres circonstances, celles d'aujourd'hui se présentent sous de meilleurs auspices, eu égard à la symbolique du 20 avril dans la mémoire collective. Les populations des deux principales villes de la Kabylie affichaient, cependant, une sérénité qui ne leur est pas habituelle en de pareilles circonstances, mais qui ne prouve en rien qu'elles se mobiliseront massivement aujourd'hui. Les inconséquences induites par trois années de crise ont fini par avoir raison de la détermination et de la mobilisation citoyenne qui est présentement à l'arrêt, sommes-nous tentés de penser. Même si le caractère historique de l'événement apparaît comme un élément d'assurance, les initiateurs, qui ne sont autres que la Cicb et la Cadc, n'ont pas habitué les citoyens, et plus particulièrement les citadins, à une grande rigueur dans l'organisation pour que ces derniers puissent se mobiliser pour la circonstance. Le gros des marcheurs proviendra sans doute des localités où l'action du rejet a été circonscrite, lors du dernier scrutin. Le climat de sérénité est à dénoter aussi chez les autorités, qui vont vraisemblablement tolérer les manifestations du jour, même si quelques appréhensions subsistent encore, du fait des constats établis à partir des expériences précédentes. Si Tizi Ouzou et Béjaïa étaient fermées aux archs depuis près de deux ans, il y a lieu de rappeler qu'à chaque 20 avril, les portes des deux villes se rouvrent, et à chaque fois, les délégués, qui restent les maîtres de la région depuis trois ans, honorent leurs engagements en réussissant leurs actions sans gros dégâts. Il faut dire que le caractère traditionnel de l'événement incite à plus de prudence et à un comportement digne et à la hauteur de l'événement. Ces sentiments ne manqueront pas de peser lourd sur et la décision des autorités et le comportement des citoyens, notamment les jeunes, lors des deux marches populaires. Ils sont rares, en effet, ceux qui appréhendent cet événement qui reste un symbole pour tout un chacun dans le combat pour les libertés individuelles et collectives ainsi que pour l'identité de la nation. Pour ne pas être en marge de l'événement, le FFS réinvestit le terrain à l'occasion de ce double anniversaire du printemps noir et du printemps amazigh, en organisant une série d'activités commémoratives dans la ville de Tazmalt, qui reste le fief privilégié du parti d'Aït Ahmed pour toute expression politique. Sous le slogan «Pour que le printemps ne soit jamais noir», la section du FFS a initié des activités tout au long de cette semaine, lesquelles seront clôturées par une marche ponctuée d'un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe des martyrs.