Un scénario devenu habituel depuis les événements d'avril 1980. Les principales villes de Kabylie s'apprêtent à vivre ce mercredi au rythme de marches populaires, rassemblements et meeting appuyés par une grève générale, qui touchera tous les secteurs d'activité. Un scénario devenu habituel depuis les évènements d'avril 1980. Depuis cette date historique, il ne se passe pas une année sans que la population de la région ne descende dans la rue pour célébrer l'événement qui marque l'histoire récente du pays sur fond, bien sûr, de protestation. Cette année, ce double anniversaire intervient dans une conjoncture dont le moins qu'on puisse dire, est redoutable. Et ce, pour au moins deux raisons: d'abord la situation du mouvement citoyen des archs. Cette structure, née dans le feu de l'action des évènements tragiques d'avril 2001, est divisée en deux tendances qui s'opposent à la démarche poursuivie pour le règlement définitif de la crise de Kabylie. «Les dialoguistes» conduits par Bélaïd Abrika sont depuis le mois de janvier en pourparlers avec le chef du gouvernement, représentant l'Etat algérien. Cette tendance sera de la partie pour la célébration du 20 avril. A ce titre, elle prévoit de tenir trois importants meetings à Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa, appuyés par des portes ouvertes sur le mouvement citoyen de Kabylie. Une fois n'est pas coutume, cette aile, qui a le vent en poupe, n'appelle pas à la grève depuis qu'elle est passée du statut de confrontation à celui de partenariat, elle semble plutôt pencher vers une célébration discrète de cet événement. L'autre aile drivée par Ali Gherbi, ne dérogera pas à la règle. Ce mercredi, elle marquera sa présence sur le terrain à travers une double action pour rejeter l'option du dialogue. Une marche populaire appuyée par une grève générale est prévue dans ce sens. Il y a enfin le FFS qui va saisir l'occasion pour célébrer cette date symbole, à sa manière et crier son rejet de la décision de dissolution des assemblées locales. A ce propos, le plus vieux parti d'opposition, qui reste le principal concerné par cette mesure de dissolution, laquelle tarde à prendre effet sur le terrain, profitera de l'occasion pour démontrer sa capacité de mobilisation au niveau des chefs-lieux des wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa où sont prévus respectivement deux meetings, l'un au stade Oukil-Ramdane et l'autre à la Maison de la culture de Béjaïa. Autant pour la grève générale que pour la marche et les rassemblements, rien n'indique qu'ils se solderont par un suivi massif en dépit du caractère traditionnel de la journée du 20 avril, la situation se présente autrement que les années précédentes. L'indifférence affichée par les citoyens depuis quelques mois, ajoutée aux divisions et autres tiraillements qui minent le MC ne sont pas de nature à tabler sur une participation massive même si contrairement aux manifestations initiées dans d'autres circonstances, celles d'aujourd'hui se présentent sous de meilleurs auspices eu égard à la symbolique du 20 avril dans la mémoire collective. Les populations des deux principales villes de la Kabylie affichent, cependant, une sérénité qui ne leur est pas habituelle en de pareilles circonstances mais qui ne prouve en rien qu'elles se mobiliseront massivement le mercredi. Les inconséquences, induites par trois années de crise, ont fini par avoir raison de la détermination et de la mobilisation à l'arrêt. Quand bien même le caractère historique de l'événement apparaît comme un élément de mobilisation et d'assurance, les initiateurs, qui partent en rangs dispersés et avec des objectifs diamétralement opposés risquent fort de ne pouvoir mobiliser. C'est justement à ce niveau que se situe toute l'importance de cette journée de mercredi, qui se présente comme un véritable test pour les uns et les autres. C'est l'amorce d'un virage vital pour la survie même des uns et des autres. Les trois parties en conflit vont subir en quelque sorte un référendum. L'attitude des citoyens reste, à ce titre, déterminante. Ou le 20 avril enterrera tout le monde ou il penchera vers une tendance, qui ne peut être que celle qui cadre avec les aspirations citoyennes. Ce climat de sérénité est à noter aussi chez les autorités, qui vont vraisemblablement tolérer les manifestations du jour même si quelques appréhensions subsistent encore du fait des constats établis lors des expériences précédentes. Si les portes des villes de Tizi-Ouzou et Béjaïa sont fermées aux archs, il reste qu'à chaque 20 avril elles se rouvrent eu égard au caractère traditionnel de l'événement qui incite à plus de prudence et à un comportement digne, à la hauteur de l'événement. Ces sentiments ne manqueront de peser lourd sur la décision des autorités et le comportement des citoyens, notamment les jeunes, lors des manifestations. Ils sont rares, en fait, à appréhender cet événement qui reste un symbole pour tout un chacun dans le parcours de la région dans le combat pour les libertés individuelles et collectives ainsi que l'identité de la nation.