Bientôt, le sachet disparaîtra pour laisser place au pack Pendant que les citoyens se «battent» pour un sachet de lait, le ministre du Commerce dément la pénurie, avant une «volte-face», quelques jours plus tard, où il annonce l'ouverture d'une enquête. 2014, un pays avec plus de 190 milliards de réserves de change, et ses citoyens ne trouvent pas de lait! Il s'agit, bien entendu, de notre chère Algérie qui depuis le début de l'année est secouée par une nouvelle pénurie de lait. Ce produit de très large consommation est, en effet, devenu une denrée rare. Dans plusieurs wilayas du pays, les citoyens ont fait part de leur désarroi face au manque de ce sachet qui est plus que vital. Les files d'attente devant les magasins ont même refait leur apparition donnant un petit air nostalgique de l'époque du socialisme...Ainsi, depuis le début 2014, la population des quartiers touchés par ces tensions s'astreint à un parcours du combattant quotidien pour trouver un sachet de lait que l'on ne peut obtenir qu'après une attente éprouvante dans de longues files formées devant les épiceries de quartiers, parcimonieusement approvisionnées. Comme à époque des Souks el fellah, ces interminables queues ont même provoqués des rixes à l'entrée de ces commerces! Perdus devant une telle situation, les commerçants se retrouvent malgré eux arbitres dans leurs magasins qui se transforment en rings. Cette rareté a fait que le lait se vend désormais sous la table. Les commerçants ne le vendent qu'aux «clients». Pour ceux qui n'ont pas de «piston» chez l'épicier du coin, ils se voient obligés de se rabattre sur le lait en brique dont le prix est le triple de celui en sachet. Mais, malheureusement pour eux, au même moment, ce lait en brique qui déjà n'est pas donné, a vu son prix connaître une augmentation significative. «Comme par hasard, au moment où le lait en sachet est en rupture, celui en brique a connu une flambée...», dénonce, Fethi, obligé d'en acheter à 100 DA, pour ses enfants. Le paradoxe dans toute cette histoire, est que tout le monde voit cette pénurie de lait sauf Benbada. Pendant que les citoyens se «battent» pour un sachet de lait, le ministre du Commerce dément l'existence de toute pénurie, avant de se démentir quelques jours plus tard, comme il l'a toujours fait d'ailleurs. Lundi dernier lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de son ministère, Mustapha Benbada a tenu à rassurer quant à la disponibilité du lait en sachet. «Il sera disponible. Ne vous inquiétez pas, j'ai parlé aux responsables de l'Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers (Onil), ils m'ont assuré qu'ils ont des stocks de poudre de lait qui peuvent couvrir six mois», avait-il affirmé, en précisant que ce n'était qu'une petite perturbation au niveau de la laiterie de Boudouaou. Mais la réalité du terrain avait prouvé le contraire. Elle le rattrape alors deux jours après. Et place à sa «volte-face» habituelle! Son département annonce l'ouverture d'une enquête pour déterminer les «vraies» raisons qui sont derrière la perturbation dans la distribution du lait en sachet. Si comme il l'avait dit, il n'y a qu'une légère perturbation et seulement à la laiterie de Boudouaou, alors pourquoi ouvrir une enquête? Néanmoins, ce n'est pas que la pénurie qui a marqué la semaine de ce sachet de lait. Le jour même de l'annonce de l'ouverture de la fameuse enquête de Benbada, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, annonce, à partir de Mostaganem, la suppression de l'emballage en plastique pour le lait de 25 DA, subventionné par l'Etat en le remplaçant par le conditionnement en carton. Pour cela, il a donné un délai de trois mois. Une annonce qui n'a pas manqué de faire sourire, mais surtout réagir les citoyens qui nagent en pleine crise du lait. «Il faut d'abord qu'ils nous trouvent ce lait, avant de penser dans quel emballage ils nous le vendront...», pestent-ils. Le lait a tourné, mais le peuple ne l'a pas encore goûté...