L'Algérie fête le Cinquantenaire de l'Indépendance mais pas alimentaire. Ça recommence! Le sachet de lait se fait désirer au point de devenir rare au grand dam des citoyens! Le Ramadhan 2012 n'a pas fait exception à ce qui semble être devenu une règle. En effet, alors que la première semaine de ce mois sacré n'a pas encore connu son épilogue, le lait est porté disparu dans certains quartiers de la capitale. On cite entre autres, Rouiba, Bab Ezzouar, Baraki, Larbaa... dont les habitants nous ont fait part de leur désarroi face au manque de ce sachet qui est plus que vital. Les files d'attente devant les magasins ont même refait leur apparition donnant à ce Ramadhan un petit air nostalgique de l'époque du socialisme... Ainsi, depuis le début du jeûne, la population des quartiers touchés par ces tensions s'astreint à un parcours du combattant quotidien pour trouver un sachet de lait, que l'on ne peut obtenir qu'après une attente éprouvante dans de longues files formées devant les épiceries de quartier, parcimonieusement approvisionnées. Avec la fatigue et le stress du jeûne, ces interminables queues ont même provoqué des rixes à l'entrée de ces commerces! Perdus devant une telle situation, les commerçants se retrouvent malgré eux arbitres dans leurs magasins qui se transforment en rings. Disposant de deux entrées dans son magasin, Djamel a trouvé la solution. «Je me fais livrer le lait par la porte de derrière et je ne le vend qu'aux clients», avoue-t-il. «Que voulez-vous, je ne le fais pas de gaieté de coeur, mais ce n'est pas de ma faute, on ne nous livre qu'un jour sur deux», explique-t-il. Djamel n'est pas le seul à vendre le lait «sous la table». Plusieurs autres commerçants le font. Pour ceux qui refusent ces solutions «extrêmes», ils se voient obligés de se rabattre sur le lait en brique dont le prix est le triple de celui en sachet. De son côté, l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) rassure en réfutant l'existence de pénurie. Interrogé par notre confrère arabophone, El Massa, le directeur général de l'Onil, Fethi Messar, assure que l'Office approvisionne comme il se devait les 120 laiteries du pays en poudre de lait. «Cette quantité de poudre de lait permet de produire et de distribuer plus de 1500 milliards de litres de lait par an», a-t-il ajouté en indiquant que les réserves dans dispose l'Onil suffisent pour tout le mois de Ramadhan et bien après. Alors, d'où viennent ces crises qui perdurent depuis plus de deux ans? Le DG de l'Onil accuse les distributeurs. «Le problème réside dans les circuits de distribution», a-t-il rapporté. «Les distributeurs qui sont pourtant liés par des contrats avec les laiteries font mal leur travail en distribuant mal et de façon anarchique le lait», a-t-il déploré. M.Messar n'est pas le premier responsable à pointer du doigt les distributeurs. Plusieurs autres responsables l'ont fait avant lui à l'instar du directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce. Abdelaziz Aït Abderrahmane avait fait la même sortie il y a un mois. De ce fait, on comprend que la raison qui provoque les perturbations dans la distribution de lait est connue. Alors pourquoi ne pas solutionner ce problème qui dure depuis des années? N'est-on pas capables de sévir contre un groupuscule de distributeurs qui perturbent l'approvisionnement? Si c'est le cas, la donne est encore plus grave! Elle est bien belle l'Algérie qui, 50 ans après l'Indépendance, souffre toujours du manque de lait. C'est un paradoxe pour un pays qui dort sur 200 milliards de dollars et qui dépense plus de 6000 milliards de centimes pour des festivités de ne pouvoir assurer du lait à ses citoyens. Le lait a tourné, mais le peuple ne l'a pas encore goûté...