Décidément, cette date fédère, rassemble et mobilise toujours en Kabylie. En effet, des centaines de citoyens (4000 selon la police et 10.000 selon les organisateurs) ont marché, hier, à Tizi Ouzou, pour la célébration du double anniversaire du Printemps noir et du Printemps berbère. Au-delà de l'appel émanant des archs, c'est surtout la symbolique du 20 avril qui a rassemblé autant de manifestants. Les frictions politiques étaient mises de côté, le temps d'une journée hautement emblématique dans la région. C'est dire que même si les visions sont multiples, le combat est le même. Ainsi, la Cadc, l'UDR, les antidialoguistes de Mechtras, le MCB, le MAK, la fondation Matoub-Lounès représentée par la soeur du rebelle, Malika, et le Ccdr, étaient tous unis autour des trois mots d'ordre empruntés au mouvement, à savoir l'officialisation de Tamazight sans référendum, la vérité sur l'assassinat de Hakim Allouache et la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. Dans ce sens, même si les slogans étaient multiples, la finalité restait la même, c'est-à-dire l'aboutissement de la lutte séculaire de la région. Le carrefour du 20-Avril était donc, hier, le point de chute de toutes les sensibilités politiques de la Kabylie, à deux exceptions près. La famille Allouache et les parents de martyrs formaient le premier carré de la marche qui s'est ébranlée vers 11h, à la hauteur du portail est de l'université Hasnaoua. Les portraits des martyrs du Printemps noir et l'effigie de Matoub Lounès étaient visibles partout. Les slogans habituels («Pouvoir assassin, Ulac s'mah ulac, tamazight dhi lakul»...) étaient ressassés à tue-tête. Les plus radicaux s'en prirent violemment à Sadi et au RCD. Toutefois, arrivés à la place de la vieille mairie, un fâcheux incident allait se produire. Ainsi, le MAK était sommé de ranger sa banderole et de faire taire ses slogans. Devant cet état de fait, Ahmed Aït Bachir, le bras droit de Ferhat Mehenni, a demandé à ses militants de se retirer de la marche. La marche reprit et emprunta son itinéraire classique, c'est-à-dire l'avenue Abane-Ramdane, la rue Moh-Saïd Ouzeffoun, l'avenue Houari-Boumediene, pour arriver à la wilaya. Pour rappel, ces deux dernières années, le point d'arrivée de la manifestation était la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Arrivés devant le portail de la cité administrative, les manifestants improvisèrent un rassemblement. Mouloud Chebheb, délégué d'Aït Aïssi (Beni Douala), prit la parole pour appeler les forces politiques de la région à l'union pour faire front contre le pouvoir. Après cette allocution de circonstance les marcheurs ont observé une minute de silence avant de se disperser dans le calme. Ainsi, contrairement aux années 2001, 2002 et 2003, où l'anniversaire du Printemps berbère était célébré sur fond de violence, cette année, la sérénité et l'ambiance quasi festive d'antan ont repris le dessus.