Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du parti, a volé la vedette au chef en titre du FLN. La réapparition de Belkhadem au-devant de la scène politique nationale pose maintes interrogations, surtout survenant à quelques jours de la convocation du corps électoral. Ils étaient hier des milliers de militants à rallier le point de rendez-vous à Alger pour un grand meeting du FLN présidé par Amar Saâdani, premier responsable du vieux parti. Son discours était fort attendu. Sur au moins deux points: le sort réservé à la Constitution et la candidature de Bouteflika à un 4e mandat. La teneur du discours n'était pas à la hauteur de l'attente des militants venus des quatre coins du pays. L'initiative du patron du FLN n'a pas créé l'événement. Celui-ci lui a été volé par un intrus dont personne ne s'attendait à sa présence: Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du parti qui a volé la vedette au chef en titre du FLN. Dès son entrée dans la salle de la Coupole, M.Belkhadem a été fortement ovationné par les militants venus en force à ce show. Or, la réapparition de Belkhadem au-devant de la scène politique nationale pose maintes interrogations, surtout survenant à quelques jours de la convocation du corps électoral. Eclipsé de la scène politique depuis plusieurs mois, M.Belkhadem a fait, en l'espace de trois jours, deux sorties publiques. La première sur le plateau d'El Chourouk TV, pour renouer avec l'opinion publique. Et la seconde, celle d'hier où il ne manquait plus qu'on lui déroula le tapis rouge. La mise en scène n'est pas pure affaire de théâtre. La politique, avec l'art consommé de la communication qu'elle connaît, vient de nous asséner une grande leçon en la matière: le retour inattendu d'un personnage que l'on croyait à jamais disparu des «sunlights» de l'actualité politique. Ce come-back de l'ex-secrétaire général du FLN cache mal des desseins inavoués. Le scénario est cousu de fil blanc. M.Saâdani joue à fond la carte de son ancien acolyte Belkhadem pour mieux évincer Abdelmalek Sellal, celui que tous les observateurs donnent comme le prétendant le plus probable à la succession du président sortant. Donc, le message que devait délivrer aux militants Amar Saâdani, est vide de toute substance. Autant dire que le rendez-vous d'hier était un non-événement, tant au plan organique du parti, que sur le débat attendu celui d'organiser ou pas la révision de la Constitution avant la tenue de la présidentielle d'avril. Preuve? Saâdani n'a fait que répéter, et de manière agressive quand même, la candidature du président de la République à un 4e mandat. «Nous sommes ici pour dire que nous avons plébiscité le fils du parti et moudjahid Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat», a-t-il répété tout en conviant au nom de l'ensemble des militants et des élus du parti, le chef de l'Etat à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Voulant couper l'herbe sous les pieds des autres candidats, M.Saâdani persiste et signe: «Notre candidat ne sera que le président de la République Abdelaziz Bouteflika.» Sur la révision de la Constitution, M.Saâdani a changé de ton. Tout en rappelant le souhait de son parti de réviser la Constitution avant la présidentielle d'avril prochain, le patron du FLN a précisé que la décision revient au chef de l'Etat, qui est le seul habilité à choisir le timing avant ou après. Pourquoi M.Saâdani tient-il à une révision avant la présidentielle? Ce n'est plus un secret. «Cela lui baliserai la voie au poste de vice-président de la République», expliquent des observateurs de la scène politique nationale. Pour le succès de cette opération, Saâdani veut jouer en duo. Et le meilleur partenaire qu'il puisse trouver pour réaliser ses ambitions, n'est autre qu'un certain Abdelaziz Belkhadem. Patron du FLN, ce parti majoritaire qui fait la pluie et le beau temps, Saâdani n'a fait, en réalité, qu'investir Belkhadem au poste de «candidat virtuel» au cas où Abdelaziz Bouteflika venait à réserver quelques surprises de dernière minute à tous ces prêcheurs qui ne désespèrent pas de le voir rempiler pour un 4e mandat. La vérité? La rencontre d'hier n'a fait que dévoiler en filigrane ce «complot florentin» pour ramasser un pouvoir que certains croient déjà tombé à terre. «Nous ne sommes pas avec le pouvoir, le pouvoir c'est nous», a martelé le patron du FLN dans son discours qui n'a pas dépassé, chronomètre en main, un quart d'heure. Les messages délivrés aux militants relèvent du «réchauffé» et «déjà entendu». La surprise de tout ce charivari médiatique reste le deal Saâdani-Belkhadem pour torpiller tout candidat sérieux capable de succéder au président sortant. La longue ovation qui a salué l'entrée en salle de l'ancien patron du FLN n'est que le premier acte d'une comédie qui relève beaucoup plus du théâtre de boulevard. Tout ce qu'on a vu hier, n'était pas innocent. Belkhadem quoique groggy, se relève comme un boxeur envoyé au tapis pour continuer le combat: celui qui le «mènerait» à la magistrature suprême.