Amar Saâdani fait sa réapparition à partir de Batna, après avoir été rappelé à l'ordre pour ses premières déclarations au sujet du quatrième mandat, mais aussi au sujet du rôle de l'armée, en général, et des services de renseignements, en particulier. Est-ce un hasard si le patron imposé à la tête du FLN se retrouve à Batna ? Pas si sûr, sachant que c'est la ville d'Ali Benflis, dont la candidature pour la magistrature suprême est quasi acquise. L'ex-chef du gouvernement fait-il aussi peur aux partisans de Bouteflika au point de les mettre en ordre de bataille, bien avant l'annonce de sa candidature ? Il est clair que pour le FLN, en pleine crise, la candidature d'Ali Benflis risque d'accentuer les divisions et de faire durer l'instabilité en son sein. Dans un discours écrit, lu devant les militants du parti, Amar Saâdani tente de recadrer ses précédents discours. Tout en rappelant que c'est le comité central qui a proposé le président du parti, Abdelaziz Bouteflika, pour un quatrième mandat présidentiel. Il a estimé que le parti se devait de prendre l'initiative "parce que nous sommes en plein droit, et c'est notre droit, que nous n'abandonnerons à personne, même aux plus proches de nous", allusion faite au RND qui avait estimé que le Président était au-dessus d'un seul parti. Amar Saâdani dira que les réalisations du président Bouteflika plaident pour qu'il continue à mettre en place son programme de développement. Il saisira cette occasion pour rectifier le tir concernant l'armée, en la couvant de compliments. Mais il insistera sur la nécessité de réviser la Constitution avant l'élection présidentielle. Une option qui parait difficile, en raison de l'approche du rendez-vous électoral. Le patron contesté du FLN lance un nouvel appel en vue de la réunification des rangs, sans exclusion, au moment où ses adversaires au sein du parti s'apprêtent à organiser un comité central pour élire un nouveau secrétaire général. La sortie de Saâdani, qui devrait être suivie d'autres avec les élus locaux du parti à travers le pays, a un seul but : battre le rappel des troupes pour préparer l'élection présidentielle. Saâdani a été chargé d'une mission qu'il compte mener jusqu'au bout, contre vents et marées, même s'il doit se mettre à dos non seulement les cadres mécontents au sein du parti, mais aussi les partis traditionnellement alliés au FLN. Cette sortie vient contredire la réalité du terrain, du moins sur deux points : la révision de la Constitution est plus que jamais remise aux calendes grecques et il paraît quasi impossible de la faire passer avant la présidentielle. Alors, pourquoi Saâdani insiste-t-il sur cette question à ce moment précis ? L'autre incohérence concerne la candidature même du président Bouteflika. Alors que tout laisse penser que ce dernier ne se présenterait pas et que tous ses partisans préfèrent adopter un profil attentiste, voire prudent, Amar Saâdani martèle que ce sera le candidat du parti. Conviction profonde ? Ou simple gesticulation pour peser dans la succession de Bouteflika ? Il y a de la résistance dans l'air. Cela se sent. Ceux qui ont vécu et profité du règne de Bouteflika ne voudraient pas que ça change, et ils semblent prêts à tout. A B Nom Adresse email