Les citoyens renouent avec le cycle infernal des manifestations de rue. Tôt dans la matinée d'hier, des dizaines de personnes de la daïra d'Aïn Kachra, relevant de la wilaya de Skikda, sont sorties dans la rue pour la seconde fois en l'espace de quelques semaines. Les citoyens entendaient exprimer leur colère et crier leur ras-le-bol. Tout en dénonçant la démission totale des autorités locales, les promesses vaines et leurs mauvaises conditions de vie, les manifestants n'ont pas tardé à bloquer la route, menant vers Skikda à l'aide de troncs d'arbres, de pierres et de pneus enflammés. La tension a atteint son paroxysme et l'on commençait à craindre le pire. En effet, il était visible que la situation pouvait déraper à la moindre étincelle. Les contestataires ont mis en avant des revendications d'ordre social. De meilleures conditions de vie, l'approvisionnement en eau potable, le goudronnage de la route et l'introduction du gaz naturel, dont ils sont privés depuis l'indépendance, sont l'essentiel de leurs préoccupation, dit-on de sources locales. Les citoyens disent que leur colère est d'autant plus justifiée que Aïn Kachra est une daïra implantée près d'un des plus grands ports pétroliers du pays. Un état de fait qui, selon ces mêmes citoyens, devrait assurer un statut autrement plus important à la localité. Or, cette richesse ne semble pas profiter aux riverains. Cette situation, qui donne l'impression d'être une constante en Algérie, pousse les populations à renouer avec le cycle infernal des manifestations de rue. Les nombreuses tentatives de blocage de routes sont devenues a priori, les symptômes apparents d'une maladie qui gangrène le pays. Aïn Kachra, faut-il le rappeler, n'est pas à sa première manifestation. Juste avant l'élection présidentielle, cette région a frôlé l'émeute à plusieurs reprises, alors que les pouvoirs publics locaux tardaient à prendre sérieusement en charge les réclamations, pourtant légitimes des citoyens. Ces derniers menacent de passer à une action plus conséquente, s'ils ne trouvent pas un écho favorable à leurs doléances. Enfin, il est à signaler que les services de la Gendarmerie nationale sont intervenus pour tenter de disperser la foule. Une aggravation de la situation est donc à craindre. Pour ce qui est d'Oued Djemaâ, sise à 45 km à l'est d'Aïn-Defla, le siège de l'Apc a fini par rouvrir ses portes, hier-matin, après deux jours de sit-in populaire en face de cet édifice. Les citoyens en colère, des jeunes en majorité, revendiquaient une plus grande équité dans la distribution des emplois, quelques aménagements destinés à leur faciliter la vie ainsi que le départ du maire, décrié par tous. Après deux jours d'intenses tractations avec le chef de daïra et le secrétaire général de la wilaya, un compromis a fini par être trouvé, concernant l'étude attentive et la prise en charge effective de l'ensemble des doléances soulevées. Cette manifestation pacifique, qui a duré deux jours, s'est achevée sans incident notable.