Un séminaire international sur le service public à la radio et à la télévision s'est ouvert à Tizi Ouzou en présence du ministre de la Communication, de responsables des médias publics et des experts étrangers. Le séminaire organisé par la Télévision et la Radio nationales, sous le thème «Service public à la radio et la télévision: valeurs, missions et expériences», constitue une opportunité pour les organisateurs d'exprimer la volonté du groupement algérien de l'audiovisuel de renforcer ce service à la veille de l'ouverture du paysage audiovisuel en Algérie. «L'Etat continuera de mettre en oeuvre la politique de soutien et de développement du service public dans les médias audiovisuels en vue de la consolidation de cette mission», a indiqué, notamment M.Messahel, lors de son allocution d'ouverture de ce séminaire. Ce séminaire de deux jours abordera différents thèmes liés au service public, dont des expériences de certains médias européens à travers des communications qui seront données par leurs représentants. A l'occasion de ce séminaire international, on a évoqué l'ouverture audiovisuelle et l'apparition de nouvelles chaînes de télévision en Algérie. Pour Foued Benhalla, responsable du Centre d'études sur les médias (Human Media Interaction, HMI), l'apparition de ces nouvelles chaînes va stimuler davantage la qualité du service public, a estimé vendredi dernier à Tizi Ouzou: «En Algérie, il y a eu déjà une amélioration du service public depuis quelques années, grâce notamment aux radios régionales qui se sont développées de façon extraordinaire et la télévision publique qui a aussi acquis des moyens technologiques modernes lui ayant permis d'avancer dans ce domaine». Il a ajouté: «Avec la nouvelle loi sur l'audiovisuel, qui permettra l'apparition de nouvelles chaînes privées, je pense que l'Algérie peut rattraper son retard et réaliser même de bonnes performances en la matière», a ajouté l'ex-directeur de Radio France Internationale (RFI). Interrogé sur les réticences de certains professionnels des médias à lancer des chaînes thématiques, M.Benhalla a estimé que cette appréhension était sans fondement. «Au contraire, ce sont les chaînes généralistes qui sont en voie de disparition. La tendance actuelle est aux chaînes thématiques. En France, par exemple, les chaînes généralistes sont aujourd'hui menacées par de petites chaînes qui offrent des programmes à des catégories spécifiques de la société», a-t-il expliqué. «Les professionnels algériens devraient investir dans ces chaînes thématiques, car elles représentent l'avenir du paysage audiovisuel», a assuré le responsable du HMI. M.Benhalla a, par ailleurs, affirmé que même le marché publicitaire va évoluer avec cette tendance, car, a-t-il expliqué, «les nouvelles technologies et les demandes du public font évoluer les choses et une chaîne thématique performante va certainement attirer l'intérêt des annonceurs». La diversité des programmes et le respect de l'éthique constituent les piliers d'un service public performant pour les chaînes de radio et de télévision, ont estimé vendredi à Tizi Ouzou des spécialistes dans le domaine, lors d'un séminaire international sur cette thématique. «Ces médias lourds devraient offrir des programmes de qualité répondant aux exigences de toutes les franges de la société», a indiqué la directrice adjointe à la RAI (Italie), Alessandra Paradisi, insistant sur le fait que «sans ces deux aspects, aucune chaîne de radio ou de télévision ne peut avoir la confiance du public». L'initiation ou la participation à des campagnes d'intérêt général dans divers aspects de la vie citoyenne constituent également, a-t-elle ajouté, un facteur d'extrême importance dans le service public», signalant que la RAI a mené 150 campagnes sociales durant l'année 2012. De son côté, le directeur du réseau France Bleu (Radio France), Claude Perrier, a mis l'accent sur la nécessité de «mettre les auditeurs au centre même du concept du service public» à travers, a-t-il dit, la production de programmes répondant à ces diverses préoccupations et aspirations. «Lorsqu'il s'agit d'une chaîne de radio ou de télévision publique, le public est contribuable et il a, donc, le droit de bénéficier de programmes de qualité. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur l'aspect commercial, puisque le simple citoyen participe déjà au financement de ces médias», a-t-il expliqué. La manière de traiter et de présenter les informations et autres programmes devraient également se conformer à l'éthique du métier, a souligné M.White Andrew Edward Wilfrid, consultant à la BBC. «L'objectivité et l'équité sont des éléments d'extrême importance dans les divers programmes de radio ou de télévision, car c'est à travers ces deux aspects que l'on peut fidéliser le public et répondre convenablement à ses attentes», a-t-il affirmé. Atteindre un niveau appréciable de service public dans les médias lourds est une «mission complexe», ont convenu les trois intervenants, estimant qu'un service public performant «n'est pas une fin en soi, mais un processus à préserver et à améliorer sans cesse».