Cet attentat est le sixième depuis juillet à viser des fiefs du mouvement chiite libanais, et le troisième en seulement un mois. Quatre personnes ont été tuées et 35 blessées hier dans un attentat contre un quartier du sud de Beyrouth, le sixième depuis juillet visant un fief du mouvement chiite libanais Hezbollah, engagé aux côtés du régime syrien dans la guerre contre les rebelles. Cet attentat suicide a été rapidement revendiqué par le «Front al-Nosra au Liban», considéré comme lié à la branche officielle d'Al Qaîda en Syrie. «Quatre personnes sont mortes et il y a 35 blessés», a déclaré le responsable de la communication de la Croix-Rouge libanaise, Ayad al-Monzer. L'Agence nationale d'information (ANI) a expliqué qu' «un kamikaze s'était fait exploser dans une voiture (...) à Haret Hreik». L'attentat s'est produit dans une rue commerçante très fréquentée, la rue al-Arid, déjà visée début janvier par un attentat suicide à la voiture piégée qui avait fait cinq morts. Sur place, des pompiers tentaient d'éteindre les flammes tandis que des ambulances transportaient les blessés vers des hôpitaux proches, qui a précisé que des soldats et des hommes du Hezbollah chargés de la sécurité étaient déployés dans le secteur. Cet attentat est le sixième depuis juillet à viser des fiefs du mouvement chiite libanais, et le troisième en seulement un mois. Dans un communiqué publié sur son compte Twitter, le «Front al-Nosra au Liban» a expliqué avoir mené cette «opération martyre» pour répondre «aux massacres perpétrés par le parti de l'Iran (le Hezbollah, Ndlr)». Ce groupe, apparu récemment, avait déjà revendiqué l'attentat à la voiture piégée qui avait tué trois personnes il y a moins d'une semaine à Hermel, dans la vallée de la Bekaa. Celui du 2 janvier ayant visé la rue al-Arid avait été revendiqué par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à Al Qaîda. Alors que les attaques visent le Hezbollah, les personnes tuées sont néanmoins toutes des civils. Le Liban est entraîné dans une spirale de violences depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a exacerbé les tensions entre les musulmans sunnites, qui soutiennent en majorité les rebelles luttant contre le régime de Damas, et les chiites, emmenés par le Hezbollah. Le parti chiite, proche allié du pouvoir en Syrie, a reconnu fin avril 2013 avoir envoyé des hommes pour soutenir l'armée syrienne. Dans le nord du Liban, la ville de Tripoli est régulièrement le théâtre de combats entre des habitants sunnites et alaouites, la confession du président syrien. Des attaques ont aussi visé des opposants au Hezbollah et au régime de Damas, comme le politicien sunnite Mohammed Chatah, tué avec sept autres personnes dans un attentat à la voiture piégée le 27 décembre à Beyrouth. La coalition dite du 14-Mars, pro-occidentale et anti-syrienne, a accusé le Hezbollah d'être responsable de cet assassinat. Victime des contrecoups du conflit en Syrie, sa puissance tutélaire pendant près de 30 ans, le Liban est paralysé politiquement depuis la démission du Premier ministre, Najib Mikati, en mars 2013, la coalition du 14-Mars et le Hezbollah étant incapables de parvenir à un accord. Néanmoins, lundi soir, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, qui dirige la coalition du 14-Mars a affirmé qu'il était désormais prêt à diriger un gouvernement comprenant des membres du Hezbollah. «J'ai pris cette décision dans l'intérêt du Liban, plutôt que dans le mien», a-t-il dit. «Nous avons été visés par des assassinats pendant neuf ans. Nous avons attendu et attendu, mais devons-nous attendre que le pays brûle?» Il a néanmoins souligné qu'il «accepterait pas (que le Hezbollah) ait un droit de veto» dans le futur cabinet.