Les musiciens ont déployé toute leur énergie pour dégager une grande sensibilité et une forte émotion. Ce vendredi, l'auditorium du Palais de la culture a, encore une fois, et - gageons que ce ne sera pas la dernière - vibré d'émotion aux sons de l'orchestre philharmonique d'Alger, sous la baguette magique et sensuelle du maestro Amine Kouider. Face à un public averti, «appréciateur» et raffiné, les musiciens de cet orchestre qui ne cesse de nous surprendre à chacune de ses sorties, ont déployé toute leur énergie et leur amour pour dégager, lors de cette soirée, une grande sensibilité et une forte émotion qui a atteint son paroxysme vers la fin du concert. Les présents ont d'abord eu droit - et les absents ont eu tort - à la symphonie n°1 de Ludvig Van Beethoven, jouée admirablement bien que fort difficile et quelque peu délicate à réussir, par Véra, violoniste solo, Hayat, Hichem, Ahmed et d'autres au violon, Nathalie, Rachid, Mohamed et tous les autres musiciens à l'alto, à la contrebasse, au basson et à la clarinette. Puis ce fut l'Arlésienne de G. Bizet qui fit réagir tout le monde, on voyait certains dodeliner de la tête, d'autres pianoter des doigts alors que beaucoup, comme hypnotisés par les notes sensuelles, se laissaient bercer par cette musique qui a tout pour adoucir les moeurs, calmer les esprits et apurer l'âme. Le clou de la soirée, ou la surprise du chef, comme l'a annoncé Amine Kouider lui-même, fut une apothéose : une suite de quatre morceaux musicaux, puisés du terroir algérien qui émerveillèrent l'assistance, joués par l'orchestre philharmonique de manière à marier le classique universel et l'algérien. Il s'agit en fait, de partitions «dénichées» par un musicien et provenant d'un compositeur d'Azerbaïdjan, qui avait séjourné à un moment donné en Algérie et qui y avait puisé dans sa musique. De ce contact, sont nés ces morceaux de l'andalou Koum tara, Chams al achia, ainsi qu'une mélodie sétifienne, somptueusement jouée, rythmée avec raffinement et classe, d'où émanait une mixture originale de l'ancien et du moderne, du passé et de l'avenir... C'est dire que l'orchestre philharmonique d'Alger, sous l'oeil attentif, sévère mais passionné et Amine Kouider, veut élever notre musique au rang des grands, pour peu qu'on lui laisse l'occasion de prouver ses compétences ; il faut souligner aussi et surtout la ténacité, la persévérance et l'amour de l'art et de la patrie dont témoigne ce travail de recherche et de goût que même les conditions les plus difficiles de survie, ne sont pas parvenues à détruire, bien au contraire. Bien que SDF, marginalisé et laissé-pour-compte, ne subsistant que grâce au travail individuel de chacun, au sponsor de certains et aux encouragements des fans, l'OPA continue de donner le meilleur de lui-même par amour et sans calcul...