Le porte-parole des travailleurs de l'usine sidérurgique, Daoud Kechichi, s'est longuement exprimé sur la situation prévalant au sein de l'entité. Au tout début il y a eu la reprise par l'Etat de 46% des actifs d'ArcelorMittal Annaba, dont 5% détenus par le groupe le Fonds national d'investissement (FNI) et le reste par ArcelorMittal, ensuite un plan d'investissement d'un montant de 1 milliard de dollars et enfin un pacte de stabilité sociale signé avec le partenaire social. En outre, des mécanismes portant sur la réhabilitation de l'entreprise et booster la production d'acier sont prévus. Lors d'une entrevue avec L'Expression, le porte-parole des travailleurs de l'usine sidérurgique, Daoud Kechichi, est longuement revenu sur la situation prévalant au sein de cette entité. Le but actuel étant d'aboutir aux revendications ayant été à l'origine d'une série de grèves, durant l'exercice 2013. Dans cette perspective, une réunion regroupant les membres du bureau syndical et ceux du CP (Comité de participation), aboutissant à la mise en place du conseil d'administration, chargé du plan d'investissement. Ce dernier point à l'origine de toute «l'agitation» qui a gagné, selon Daoud Kechichi, tant la mafia de la sidérurgie que l'administration du partenaire étranger. Des révélations que l'interlocuteur se dit prêt à assumer: «Nous avons réellement demandé l'ouverture d'une enquête sur les marchés douteux et autres malversations au sein du complexe», déclare-t-il. «Nous exigeons l'application des points du pacte de stabilité sociale, et du coup, hisser le complexe d'El-Hadjar à un niveau de classe internationale et mieux répondre à la demande locale croissante en produits sidérurgiques», devait-il expliquer. L'usine manque de personnel Aussi, le syndicat de l'entreprise revendique, parmi les points retenus dans le pacte de stabilité sociale, la restructuration de la direction des ressources humaines (DRH). S'étalant sur les agissements du responsable de la DRH, le SG du bureau syndical d'ArcelorMittal, a fait savoir que le DRH a été aussi installé pour cacher tous les dossiers relatifs au pourrissement de cette entité industrielle économique. «On se demande comment, n'y a-t-il pas un organigramme pour un complexe pareil», s'est interrogé le SG. «L'usine manque de personnel et celui en place exerce deux fois le volume horaire prévu dans le Code du travail et les exigences du poste.» Autres points évoqués: le pacte de stabilité sociale, la révision des postes sensibles, dits postes «proses», cédés au privé, une manière de «bradage légale» a encore estimé le représentant des travailleurs d'El Hadjar. Toujours dans le sillage des revendications relatives aux restructurations, la direction commerciale, a précisé Daoud Kechichi, est le point névralgique de tout le complexe. D'ailleurs, toutes les révélations et précisions apportées par le SG du bureau syndical de l'usine de Sider, semblent faire l'unanimité tant des membres de son bureau que de l'ensemble des travailleurs. En effet, lorsqu'il s'agit du volet commercial, il s'agit bien entendu des vrais dossiers de pourrissement et de bradage, dont est victime ce fleuron de l'industrie. Les noms de personnes impliquées dans ces agissements mafieux, n'étonnent point, puisque l'opinion publique s'est accoutumée aux dossiers scandaleux qui finissent, après dénonciation, au fond des tiroirs des services judiciaires et juridiques, par la force «d'instructions influentes» Tel est le cas des unités de garde et le gardiennage payé pour les points de vente dont la plupart ont été fermés et bradés légalement avec la connivence de «mains algériennes». Des propos apportés par notre interlocuteur, qui s'est dit prêt à assumer toute la responsabilité relative à cette déclaration, notamment en ce qui concerne la fermeture de ces points de vente. Il explique que «la plupart des points de vente régis par les huit directions régionales ont été fermés sous prétexte que le complexe n'en a pas besoin. La mafia grille l'usine a fait savoir Daoud Kechichi. «C'est là l'agissement de la mafia nationale et internationale pour brader l'acier et le transférer à l'étranger faute de points d'entrepôt et de vente», a bien précisé l'homme. La mafia guette l'usine Il citera dans cette optique, le point de vente de la wilaya de Skikda, fermé par Frédéric Bail, sur la demande du P/APC du chef-lieu de cette wilaya. «Bien que le complexe d'El Hadjar ait toujours besoin de ce point de vente, il a été restitué à la commune de la wilaya de Skikda. Par conséquent c'est ouvrir la porte devant la mafia de l'acier pour vendre le produit de l'usine, frauduleusement», déplore Kechichi «Ainsi le produit de mauvaise quantité inonde le marché local, au prix fort. C'est deux fois la gifle pour l'économie nationale», devait-il ajouter. Le pourrissement s'ancre de jour en jour au sein du fleuron de l'industrie, et les cris de la masse salariale n'arrivent pas à frayer un chemin aux oreilles des gouverneurs algériens. En dépit de toutes les tentatives portant ouverture d'une enquête sur la gestion douteuse et les malversations enregistrées dans l'usine, le syndicat et les travailleurs sont déterminés à mener le combat jusqu'au bout. Cette sortie médiatique du secrétaire général du bureau syndical d'ArcelorMittal, Daoud Kechichi, n'est autre qu'un souci majeur, que portent les représentants des travailleurs, quant aux acquis professionnels et économiques des employés de ce complexe, si l'Etat n'intervient pas, la situation pourrait connaître des perturbations. D'ailleurs, selon les non-dits d'un entretien avec le porte-parole des travailleurs du complexe, la balle se trouve au moment où nous mettons sous presse, dans le camp de la direction générale de l'usine sidérurgique. Cette dernière, si elle persiste sur le non-respect du pacte de stabilité sociale, l'interlocuteur déclinera toute responsabilité quant au comportement imprévisible des travailleurs, qui attendent vivement le plan d'investissement global.