Après l'impasse lundi des discussions sur la question explosive de la transition politique, les délégations se sont retrouvées hier avec M. Brahimi. Pour la cinquième journée consécutive à Genève, le médiateur le l'ONU Lakhdar Brahimi poursuivait hier ses efforts de paix avec les délégations du gouvernement et de l'opposition syriennes, malgré un blocage politique et une absence de progrès pour les mesures humanitaires. «S'il n'y a pas de progrès dans les prochains jours le processus va devenir de plus en plus fragile», constatait néanmoins un diplomate occidental. Ce dernier a indiqué que les discussions devaient porter sur le communiqué de la conférence de Genève 1, en juin 2012, adopté par les grandes puissances en l'absence des représentants syriens et qui sert de base à la Conférence de Genève 2, commencée la semaine dernière. Le texte prévoit la mise en place d'une autorité gouvernementale de transition dotée des pleins pouvoirs, ce qui pose la question du devenir du président Bachar al-Assad, «ligne rouge» pour l'opposition et le gouvernement, qui paralyse la discussion. Le vétéran de la diplomatie algérienne et onusienne continue également ses efforts dans le domaine humanitaire. Le sort des Syriens assiégés dans la vieille ville de Homs est en tête de liste, mais sur le terrain rien n'a bougé. Pour le moment les discussions «n'ont pas produit grand chose», a admis lundi devant la presse M.Brahimi. Lundi, la discussion a bloqué après que la délégation du régime a présenté un projet de déclaration, affirmant notamment que la Syrie «est un Etat démocratique» et appelant à lutter contre les «terroristes». L'opposition a immédiatement rejeté cette déclaration et la réunion a été interrompue, les deux parties assurant cependant devant les journalistes qu'elles ne comptaient pas se retirer de la conférence, prévue en principe jusqu'à vendredi pour cette étape. Ahmad Jabra, le chef de la coalition, a estimé hier que cette déclaration était «une proposition absurde du régime». Après que l'opposition eut demandé l'envoi d'aide alimentaire et médicale aux populations assiégées depuis 600 jours dans la vieille ville de Homs, la 3è cité de Syrie, le gouvernement a répondu en proposant d'abord de laisser sortir les femmes et les enfants puis en déclarant examiner le principe d'un convoi d'aide «à condition qu'il ne serve pas à ravitailler les combattants». Lundi le chef des opérations pour le Proche-Orient du Comité International de la Croix Rouge (CICR), Robert Mardini avait indiqué qu'aucune «mesure concrète» n'avait été prise pour l'instant par Damas. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies et le Fonds pour l'Enfance (UNICEF) ont confirmé hier avoir «des camions en attente» depuis un entrepôt à la périphérie de Homs. «Nous sommes une agence humanitaire, nous n'irons pas sans avoir obtenu un feu vert», a précisé la porte parole du PAM à Genève, Elisabeth Byrs. Responsables humanitaires et diplomates rappellent par ailleurs que le droit humanitaire est très clair: on ne peut forcer une population à évacuer, elle doit d'abord être assistée et prendre ensuite la décision de partir ou pas. Cité par l'agence officielle Sana, le gouverneur de Homs, Talal al-Barazi, a assuré que «la police, des médecins et le Croissant Rouge syriens sont prêts à organiser la sortie des civils de la Veille ville dès qu'ils auront reçu la réponse du représentant de l'ONU qui coordonne avec les groupes armés», c'est-à-dire les rebelles. Il a affirmé avoir demandé l'assistance du CICR pour sécuriser la sortie du père jésuite et 73 civils qui sont avec lui au couvent des pères jésuites à Boustan al-Diwan, un quartier du centre assiégé.