Zoubida, au hammam, propose ses services de juge à une tarée qui y a cru! Trois femmes de Bousmaïl sont debout à la barre face au président de la section détenus. Un escroc qui se faisait passer pour une magistrate, une victime qui a remis sept fois 2 millions de centimes et un témoin venu charger l'escroc. Maître Farouk Dechicha, Maître Amine Daouadji et Maître Toufik Chachou de Oued El Alleug suivent les mots débités, les sanglots de la victime qui fait partie du lot de justiciables qui adorent distribuer le fric dans tous les sens, sauf les impôts, en constituant un avocat qui verse la «TVA» en empochant les honoraires... L'inculpée-détenue est glacée. Elle répond sans s'énerver ni balbutier. Elle est complètement out. Elle a réalisé durant la détention le mauvais réflexe qu'elle a eu en usurpant une fonction: «Magistrate!» Excusez du peu. Elle se voyait comme Hadjer Benyazzar, Yamina Guerfi, Malika Djabali, Chafia Maâlem, Houaria Boumaza, Fella Ghezloune, Soumia Kassoul, Yasmina Nouiri, Saâda Nassima, Djamila Derar, Benkhettou, Sihem Benmelouka ou encore Sofia Ouhida. Tarek Moussaoui, le procureur, réclame deux ans d'emprisonnement ferme pour escroquerie fait prévu et puni par l'article 372 du Code pénal. Le collectif de la défense plaide le droit et ce que prévoit la loi. Les 240 et 243 sont éloquents pour Maître Farouk Dechicha plutôt élégant ce dimanche aux côtés de Fella l'inculpée qui a très peur en entendant les démarches du parquetier. L'inculpée Zoubida (la propriétaire du bain maure) est citée pour ses déclarations dont l'avocat met en exergue son action dans ce triste dossier. Il affirme que la dame venait nettoyer son corps mais polluer son esprit en fantasmant sur un poste et un métier qu'elle n'exercera jamais. Une usurpation de fonction qui l'a envoyée droit vers la détention avec des détenus qu'elle ne pourra jamais entendre et...juger! Il est plutôt sûr que cette dame a la culture des discussions de bain maure, un lieu où l'on parle de tout mais jamais de rien. La voilà, cette Zoubida qui, malgré de beaux restes, ne peut en aucun cas passer pour une magistrate. Oui, depuis la nuit des temps, nous n'avons jamais rencontré une magistrate dans la rue que nous avions présentée comme telle. Cela n'arrive jamais, même pas une seule fois car une magistrate ne court jamais les rues. Cela se comprend par la grâce de cette réserve et de son «douloureux» devoir. Maître Farouk Dechicha, lui, a su expliquer à Hadj Rabah Baric, le sympathique président de la section correctionnelle du tribunal de Koléa (cour de Tipaza), que cette dame connue dans son entourage comme étant honnête et discrète, n'a jamais pu expliquer ce qui lui était arrivé au bain maure en rencontrant cette autre bonne dame qui a parlé d'ennuis judiciaires: «Et comme nos concitoyens n'ont pas la culture du comment faire lorsqu'on a affaire à la justice, la malheureuse proposition du «Je suis magistrate et je pense vous aider! «a pris le large hors du palais de la dame probablement attirée par le «standing» de la cliente du bain maure.» De fil en aiguille, la discussion était arrivée au besoin de fric. Et comme la cliente n'avait pas grand-chose sur elle, elle lui fit la promesse de lui envoyer une somme par l'intermédiaire de la propriétaire du hammam. Et ce qui devait arriver, arriva! C'est l'engrenage du «j'ai tenu ma promesse. A toi de faire de même!» Mais comme un «bien mal acquis ne profite jamais», le pot-aux roses est découvert. Une plainte est déposée. La dame qui a offert du fric - donc la corruptrice - se retrouve...victime! Comme quoi, le législateur a du pain sur la planche, et...Louh peut être intéressé par une énième loi qui ira dormir dans les tiroirs des tenants de l'immobilisme des partisans du fameux adage impopulaire et stérile «laisse-moi tomber, je ferai de même» et la vie continue en laissant les partisans ardents, vifs, dégourdis d'une justice indépendante jouer devant les ailes des moulins à vent aux...Don Quichotte»! Baric, lui, est un juge du siège. Il a devant lui les pièces pour condamner Zoubida coupable de, de et de...malgré les larmes argentées qui ont coulé sur ses joues livides, pâles, comme au jour de ses funérailles. Elle quittera certes la taule en fin de journée, mais avec une peine d'emprisonnement de un an assortie du sursis. Un sursis salvateur et bienvenu pour cette dame qui ne sera jamais une juge, mais demeurera une mère de famille qui devra oublier au plus vite, ses déboires...