Cette sortie confirme le discours d'investiture dans lequel le président annonçait le changement de ses priorités. Le président Bouteflika a invité, hier, le gouvernement à la conclusion d'un « pacte national économique et social » entre le gouvernement, le patronat et le syndicat, relève-t-on dans le communiqué du conseil des ministres réuni sous la présidence du chef de l'Etat au lendemain de la formation du nouvel Exécutif. Cette orientation, venue expliciter les termes du discours d'investiture de Bouteflika, confirme que la priorité pour lui a changé. Bouteflika, en effet, avait clairement souligné qu'à la suite de ses tournées dans toutes les wilayas du pays, les citoyens avaient clairement signifié que leurs besoins immédiats n'étaient plus d'ordre sécuritaire mais plutôt économiques et sociaux. L'accent devait ainsi être mis sur des plans de relance économique sérieux, touchant avant tout aux secteurs financier et fiscal dans le but de mettre un terme à l'économie parasitaire et de favoriser l'émergence et le développement des entreprises créatrices de richesses et d'emplois. La rumeur, en outre, avait couru sur une rencontre imminente entre Sidi-Saïd et Ouyahia dans le but de finaliser les grands dossiers liés aux concessions sociales qu'attendent avec impatience le monde du travail, mais aussi les jeunes chômeurs soucieux de saisir leur chance. Le pacte dont parle Bouteflika dans son conseil des ministres, doit servir, selon les termes du communiqué rendu public hier, au maintien du «rythme intense d'investissements publics et privés des cinq dernières années», afin de «bâtir une économie nationale plus solide, plus compétitive, assurant un développement plus équitablement réparti à travers tout le pays et garantissant plus de prospérité pour l'ensemble de la nation». En clair, Bouteflika et son équipe souhaitent profiter pleinement du fameux plan de soutien à la relance économique qui a coûté au Trésor public la bagatelle de sept milliards de dinars, et dont les fruits sur les populations, mais aussi les investisseurs potentiels, tardent encore à se faire sentir. Dans le même but, le président Bouteflika a également invité le gouvernement à renforcer les conditions propices à l'investissement, notamment par la finalisation de la réforme bancaire et le règlement de la question du foncier industriel, sans jamais perdre de vue l'objectif de 100.000 entreprises nouvelles à créer durant le quinquennat présidentiel qui commence. Une véritable aubaine pour les millions de jeunes chômeurs ou licenciés qui attendent de bénéficier des aides nécessaires afin de laisser s'exprimer leurs idées créatrices. Cette orientation, souligne le communiqué avec force, ne veut nullement dire qu'il faille occulter le tissu industriel déjà existant. La volonté du président va, en effet, dans le sens de la valorisation des entreprises existantes par leur «mise à niveau» et par le recours à la privatisation et au partenariat national et étranger. L'agriculture, qui a joué un rôle moteur dans le développement national, doit, aux yeux du président, continuer à bénéficier du soutien de l'Etat avec, en plus, l'élaboration d'un cadre juridique pour le foncier agricole «fondé sur le système de la concession à long terme», a encore recommandé Bouteflika. La mobilisation des eaux, le développement des secteurs retardataires (tels que le tourisme et la pêche), le parachèvement des grands chantiers d'infrastructures de base sont également au menu du programme présidentiel qui prévoit aussi une «production intense de logements» en vue de la livraison prévue d'un million d'unités durant les cinq prochaines années. La création, en cinq ans, de deux millions d'emplois dont la moitié sous forme de postes permanents, doit également mobiliser toutes les initiatives, a insisté pour finir le chef de l'Etat. Bouteflika, qui ne perd pas de vue la lutte antiterroriste, a mis en exergue sa poursuite, dans le strict respect des lois, mais sans perdre de vue les mesures de clémences destinées à ceux qui voudraient se ressaisir. Il a également insisté sur le renforcement de la démocratie et de la liberté d'expression. Cette première réunion du conseil des ministres, qui annonce les grandes lignes de ce que sera le programme que doit incessamment présenter Ouyahia au parlement, confirme que Bouteflika a l'intention de rester fidèle à ses engagements électoraux. Reste quand même à en attendre l'application effective sur le terrain.