Des accrochages violents ont opposé dans les dernières heures à Koufa, des miliciens chiites à des éléments des forces américaines. Des combats ont opposé, pour la première fois depuis une dizaine de jours, dans la nuit de lundi à mardi, des forces des marines américains à des miliciens de l'Armée du Mehdi, près de Najaf où est réfugié le chef radical chiite Moqtada Sadr, au moment où la ville de Koufa, fief du jeune chiite «rebelle» était bombardée par l'aviation américaine. Cette reprise impromptue des combats est-elle un test pour éprouver la résistance de Moqtada Sadr, ou annonce-t-elle le début d'opérations de plus grande envergure de la part des soldats américains? Peu d'informations ont filtré hier sur ce qui s'est passé dans le no man's land entre Najaf et Koufa si ce n'est la déclaration d'un porte-parole de la coalition selon lequel «Quarante trois combattants anti-coalition ont été tués et un système de DCA a été détruit par un avion AC-130». C'est encore la bataille de Koufa, le fief de Moqtada Sadr, qui faisait hier l'actualité avec les combats qui s'y déroulaient entre les partisans du chef chiite et les forces des marines américains. Alors que ces derniers sont toujours décidés à capturer Moqtada Sadr, «mort ou vif» celui-ci menace pour sa part de lancer des opérations kamikazes. De son côté, le porte-parole du chef radical chiite, Qaïs Al-Khazaali, a indiqué que «Les affrontements de ce soir (lundi) sont une provocation, mais la ligne rouge n'a pas encore été franchie. Il s'agit peut-être de tester notre résistance» indiquant : «Entrer à Najaf, c'est bafouer les lieux sacrés des musulmans, qu'ils soient sunnites ou chiites. Mais, nous sommes prêts. Nous sommes organisés et ordonnés», appelant par ailleurs les Irakiens à défendre Najaf, «si elles (les forces d'occupation) entrent à Najaf, il faut que tous les musulmans d'Irak la défendent, là où ils se trouvent par les moyens qu'ils jugent appropriés». Deux soldats américains ont été tués lundi à Bagdad suite à une explosion alors qu'ils procédaient à des fouilles dans un entrepôt, cinq autres ont été blessés, un troisième soldat américain est mort à Falloujah des suites de ses blessures. Armes aux pieds, chiites et marines se préparent à la bataille qui risque de constituer un tournant dans la tragédie que vit l'Irak depuis une année. De fait, la situation n'a cessé de se dégrader depuis le premier anniversaire de l'occupation de l'Irak, culminant le 4 avril dernier avec la bataille de Falloujah, la plus meurtrière depuis l'occupation du pays par la coalition américano-britannique. D'ailleurs, cette coalition, notamment dans sa partie internationale, commence à s'effilocher avec les retraits de l'Espagne, du Honduras, du Nicaragua et de la République dominicaine alors que d'autres pays ont plus ou moins annoncé leurs intentions de ne pas rester au-delà du contrat qui les lie à la coalition. Confrontés à cet imprévu, les Etats-Unis veulent faire adopter par le Conseil de sécurité une nouvelle résolution pour encourager d'autres pays à rejoindre l'alliance, indiquait hier le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui a déclaré qu'«Afin d'augmenter le nombre des contributions en troupes en Irak, ainsi que d'autres formes de soutien, une nouvelle résolution de l'ONU serait assez appropriée alors que nous nous acheminons vers un transfert de souveraineté». M.Powell qui a fait cette déclaration après un entretien avec le chef de la diplomatie danoise, Per Stig Moeller, ajoute : «Si nous voulons un soutien plus large, il est évident que nous avons besoin d'une nouvelle résolution qui approuve le nouveau gouvernement (irakien) qui doit arriver le 1er juillet et qui demande aux autres pays de venir pour stabiliser la situation et aider le nouveau pouvoir». A ce propos, le Conseil de sécurité devait entendre hier soir, l'émissaire spécial de l'ONU pour l'Irak, Lakhdar Brahimi, lequel doit présenter devant les 15 membres du Conseil onusien le projet de transfert de souveraineté aux Irakiens dans les 60 jours à venir. Le temps presse alors que tout doit être finalisé avant la date butoir du 30 juin, une échéance qui risque d'être remise en cause par la situation aléatoire sur le terrain. Toutefois, l'ONU est devenu incontournable et l'atout maître pour toute solution pacifique du contentieux irakien.