Human Rights Watch suspecte l'usage de bombes à sous-munitions au Soudan du Sud lors de combats pour la reprise de la ville de Bor, dans le centre pays. HRW a affirmé samedi détenir la preuve que des fragments de bombes à sous-munitions retrouvés près de Bor prouvent que l'on a fait usage de ce type d'armement pendant des années dans les combats entre l'armée ougandaise et la rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA). Ce type d'arme est interdit par un traité international conclu en 2008 mais le Soudan du Sud n'y est pas partie et l'Ouganda, bien que signataire, ne l'a pas encore ratifié. Les Nations unies ont rapporté que des fragments de bombes de ce type, qui disséminent sur une grande surface des engins explosifs plus petits, ont été trouvés au début du mois par le service de déminage de l'ONU sur la route reliant la capitale sud-soudanaise Juba à Bor, dans l'Etat de Jonglei. Les spécialistes de l'ONU ont affirmé que les fragments en question ont été retrouvés dans une zone qui n'était pas répertoriée comme contaminée par ce type d'armes avant le conflit qui a éclaté à la mi-décembre 2013 au Soudan du Sud, un pays né en 2011 après son indépendance du Soudan, au terme d'une longue guerre civile. Ces bombes représentent un danger particulier car des sous-munitions peuvent exploser des mois ou des années après avoir été lancées, en particulier lorsqu'elles sont manipulées par des enfants. «La jeune nation sud-soudanaise a déjà assez de problèmes sans ces armes horribles qui tuent et continuent de tuer longtemps après», a déclaré Steve Goose, directeur de la division chargée des armes de HRW, organisation de défense des droits de l'homme dont le siège est à New York. «Les gouvernements impliqués doivent rapidement trouver qui est derrière ceci et souligner qu'ils seront tenus pour responsables», a-t-il ajouté dans un communiqué. Bor, à 200 km au nord de Juba, a été l'un des principaux foyers du conflit qui oppose les troupes régulières sud-soudanaises, loyales au président Salva Kiir, et soutenues par des militaires ougandais, aux forces favorables à son ancien vice-président Riek Machar. L'ONU n'a pas dit qui pouvait avoir utilisé des bombes à sous-munitions à Bor, une ville qui a changé quatre fois de mains en quelques semaines. Selon HRW, «les forces sud-soudanaises et ougandaises possèdent la capacité aérienne de largage de bombes à sous-munitions alors que les forces de l'opposition ne sont pas censées avoir les moyens nécessaires». Le ministre sud-soudanais de la Défense, Kuol Manyang Juuk, comme des responsables militaires ougandais ont démenti l'utilisation de ce type d'armes.