Les révélations de la presse française ont fait l'effet d'une véritable «bombe» Des juristes ont appelé hier le Parlement français à revoir la loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français en Algérie pour rendre justice à toutes les victimes sans exception. Quarante-huit heures après la publication par les quotidiens français Aujourd'hui en France et Le Parisien révélant une carte de l'armée française sur les essais nucléaires dans le Sahara algérien qui faisait ressortir l'étendue des effets radioactifs, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbès, a affirmé que «le règlement du dossier des essais nucléaires effectués par la France dans le sud de l'Algérie, durant la guerre de Libération, resteront thème à débat jusqu'à obtention par l'Algérie de tous ses droits». Le ministre, qui s'exprimait en marge d'une réunion qu'il présidait sur la présentation du bilan des activités de son secteur pour l'année 2013, a ajouté à ce propos: «Qu'il s'agisse du dossier des essais nucléaires, de la récupération auprès de la France des archives de la guerre de Libération ou tout autre question y afférente, le dialogue restera ouvert entre les deux parties jusqu'à obtention par l'Algérie de tous ses droits.» M.Chérif Abbès a indiqué aussi: «Il est juste question de temps et nous persévérerons jusqu'à rétablissement dans nos droits comme le veulent les Algériens», a-t-il tenu à dire. Concernant une éventuelle coopération avec les pays voisins touchés par les essais nucléaires français, M.Chérif Abbès a souligné la possibilité de «coordonner avec les pays concernés». Par ailleurs, le ministre des Moudjahidine a indiqué que les accusations que certains moudjahidine portent étaient «un cas rare ne pouvant servir de référence». Il a ajouté que la meilleure chose à faire pour les moudjahidine était de rédiger leurs mémoires «dans un climat calme et loin de toute perturbation passagère». Ces derniers serviront de matière première pour les historiens qui y puiseront les informations en adéquation avec le contexte général de l'histoire de la Révolution qui, a-t-il indiqué, «ne saura être entamée par les accusations lancées de part et d'autre». Dans l'article exclusif qui a été publié dans les quotidiens français Aujourd'hui en France et Le Parisien, l'auteur de l'article, le journaliste Sébastien Ramnoux, avait interviewé l'avocate algérienne spécialisée dans les dossiers historiques, Fatima Benbraham, qui avait déclaré que la France devait rendre des comptes. Cette information a très vite fait réagir les juristes algériens qui ont appelé le Parlement français à revoir la loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français en Algérie pour rendre justice à toutes les victimes sans exception et prendre en charge «la décontamination» de l'environnement qui a abrité ces essais. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini a indiqué que la publication par la presse française d'une partie des archives des essais nucléaires coloniaux français «interpelle le Parlement français à l'effet de la révision de l'ancienne loi pour indemniser les victimes des essais nucléaires français» car «ces documents prouvent que les dangers de radioactivité sont toujours là». L'Algérie, a encore soutenu Me Ksentini, «est en droit d'exiger une indemnisation officielle pour ces essais nucléaires, au regard du coût de la décontamination de l'environnement». Pour sa part, l'ancien président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Ladh), Boudjemaâ Ghachir, a mis en avant l'impératif d'une demande officielle pour l'indemnisation des victimes des essais nucléaires coloniaux dans le sud de l'Algérie. «Les indemnisations doivent inclure l'environnement qui a abrité ces essais», a-t-il insisté. «Le dossier des essais nucléaires doit constituer une priorité pour l'Algérie. Il ne doit pas rester seulement entre les mains des juristes et des organisations de la société civile», a considéré M.Ghachir, rappelant la persistance des risques liés aux émanations radioactives. La loi adoptée par le Parlement français relative à l'indemnisation des victimes de ces essais «est injuste» à l'égard de la partie algérienne, tant pour les personnes que pour l'environnement, a-t-il lancé, soulignant que la France détenait des archives «qui prouvent que bon nombre d'Algériens ont été utilisés comme sujets des essais nucléaires». Pour sa part, le juriste Hocine Zahouane a souligné que «l'ouverture d'un débat sur le dossier des essais nucléaires coloniaux en Algérie et de nouvelles données constituaient un indicateur positif pour le traitement de ce crime colonial». Cette affaire intervient au moment où l'envoyé spécial du président Hollande à Alger, Nicolas Hulot, sera cette semaine à Alger pour parler d'environnement, justement.