Le numéro un iranien, ultime décisionnaire des dossiers stratégiques, s'est exprimé peu de temps après l'arrivée à Vienne de la délégation iranienne menée par le chef de la diplomatie, Mohammed Javad Zarif. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a jeté hier une ombre sur les difficiles négociations qui doivent reprendre entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire, en affirmant qu'elles «ne mèneront nulle part». Le numéro un iranien, ultime décisionnaire des dossiers stratégiques, notamment le nucléaire, s'est exprimé peu de temps après l'arrivée à Vienne de la délégation iranienne menée par le chef de la diplomatie, Mohammed Javad Zarif, pour reprendre mardi les négociations avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Celles-ci doivent déboucher sur un accord définitif permettant de mettre un terme à une décennie de crise entre Téhéran et l'Occident. Les responsables iraniens ont récemment averti que les négociations «seront difficiles». «Certains responsables de l'ancien et de l'actuel gouvernement pensent que s'ils négocient dans l'affaire nucléaire le problème pourra être réglé, mais comme je l'ai également dit dans mon discours au début de l'année (iranienne, en mars 2013) je ne suis pas optimiste à propos des négociations et elles ne mèneront nulle part, mais je n'ai pas d'opposition», a déclaré l'ayatollah Khamenei devant plusieurs milliers de personnes à Téhéran. Les négociations «commencées par le ministère des Affaires étrangères vont se poursuivre et l'Iran ne viole pas son engagement mais je le dis dès maintenant elles ne mèneront nulle part», a-t-il ajouté. Il a toutefois demandé «aux responsables de poursuivre leurs efforts» pour faire aboutir les négociations tout en soulignant que la seule solution «est de renforcer la puissance nationale et les bases (économiques) du pays». Un accord intérimaire de six mois, conclu entre l'Iran et le 5+1 en novembre, est entré en application le 20 janvier. Téhéran a accepté le gel d'une partie de ses activités nucléaires contre la levée partielle des sanctions économiques décrétées par les Etats-Unis et les pays européens. Mais les récentes déclarations du président américain Barack Obama et du secrétaire d'Etat John Kerry sur le fait que «toutes les options (étaient) sur la table» pour arrêter le programme nucléaire iranien en cas d'échec des négociations ont particulièrement irrité les responsables iraniens. L'ayatollah Khamenei a également dénoncé la politique américaine à l'égard de l'Iran. «La nation iranienne n'acceptera jamais les pressions et le chantage des Etats-Unis», a-t-il ajouté, en faisant référence aux slogans anti-américains des manifestants lors des défilés célébrant le 35e anniversaire de la révolution islamique, le 11 février. «La question nucléaire est un prétexte pour les Etats-Unis à leur hostilité à l'égard de l'Iran. Si un jour, la question nucléaire est réglée, ils évoqueront d'autres sujets comme ils le font maintenant avec celles des droits de l'homme et des missiles balistiques» pour faire pression, a-t-il ajouté. La sous-secrétaire d'Etat Wendy Sherman, qui mène la délégation américaine aux négociations nucléaires, a récemment affirmé qu'il fallait aborder la question du programme balistique de l'Iran lors des négociations finales sur le nucléaire. Les responsables américains ont également affirmé que les Etats-Unis devaient continuer à imposer des sanctions contre l'Iran à cause de la situation des droits de l'homme et le soutien présumé aux groupes terroristes. Mais les négociateurs iraniens ont écarté toute idée de discuter de ces deux questions. «Ces questions n'ont rien à avoir avec les négociations» nucléaires, a affirmé M.Zarif dans un entretien publié hier par l'agence Irna. Il a également assuré que l'Iran n'acceptera pas qu'on lui «dicte ce qu'il doit faire» sur le maintien ou non des sites nucléaires, en particulier le réacteur à eau lourde d'Arak.