A sa manière, Me Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a fêté, hier, la Journée internationale de la liberté d'expression. Dans le modeste appartement, sis à la rue des Frères-Benzourene (ex-Docteur Trolard) à Alger et qui sert, depuis quelques années, de siège à son organisation, le «pépé» algérien des droits de l'Homme a invité les journalistes à une rencontre-débat à travers laquelle, il a passé en revue les différentes étapes marquant l'évolution de la liberté d'expression depuis notamment la promulgation par Chadli Bendejdid, de la Constitution de 1989 consacrant, pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, le pluralisme politique et médiatique. Ali Yahia Abdenour, dans le franc-parler qu'on lui connaît, s'est interrogé, non sans avoir, au préalable, loué les «quelques» mérites de la loi sur l'information de 1990 en matière de liberté, sur l'intérêt du maintien du ministère de la Communication, département que l'ancien premier ministre, Mouloud Hamrouche, avait carrément supprimé de l'échiquier institutionnel au profit d'une autre institution, le Haut Conseil de l'information. La mission de cette instance était d'organiser et de réguler le paysage médiatique selon les règles universellement connues. Abordant, dans le même ordre d'idées, le dossier «qui irrite», l'ouverture sur la société, des médias lourds : télévision et radio, l'avocat, tout en insistant sur l'appartenance juridique «publique» de ces dernières, rappelle toutefois la «ferme» opposition du chef de l'Etat à l'ouverture des médias lourds à l'investissement privé, «au moment où de nombreux investisseurs courtisent le secteur», s'est-il désolé. Accompagné par son collègue Me Mustapha Bouchachi, le numéro un de la Laddh a mis en relief la question des droits de l'Homme qui ne peut évoluer, remarque-t-il, sans la liberté de la presse. Les quotidiens nationaux, même s'il avoue la difficulté de la chose en raison de la nature «totali-taire» du pouvoir, devraient s'impliquer de façon plus efficiente dans les affaires qui touchent de plus près les droits de l'homme en Algérie : «La presse a le droit constitutionnel de révéler les dépassements dont font l'objet de nombreux citoyens» a-t-il martelé, donnant pour exemple, les événements sanglants de la prison de Serkadji. Sur le plan juridique, le conférencier a dénoncé le recours à des textes abusifs, notamment l'amendement en juillet 2001 du code pénal, une mesure qui a eu entre autres pour corollaire, la possibilité de mettre en prison tout journaliste qui fait «entorse» à la loi. En conclusion, le président de la Laddh a appelé les journalistes à faire bloc pour contrecarrer les velléités «autoritaires» du pouvoir et afin, également, de contribuer à l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, sujettes, selon lui, à moult critiques.