L'espoir d'une éventuelle décrispation des relations algéro-marocaines suscité par le message adressé par le souverain marocain au Président Bouteflika a été bien éphémère. La crise donne l'impression de vouloir monter d'un cran. Après l'affaire des prétendues expulsions de réfugiés syriens d'Algérie vers le Maroc, le gouvernement marocain accuse carrément l'Armée nationale d'avoir attaqué un de ses postes frontaliers. «Des éléments de l'Armée nationale populaire algérienne ont procédé, lundi dernier vers 13h45, à des tirs en direction du poste de surveillance marocain Ait Jormane longeant le tracé frontalier entre le Maroc et l'Algérie», indique le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères répercuté par de nombreux sites et médias marocains. «Deux impacts de balles ont atteint le mur de ce poste», ajoute la même source... Le Makhzen passe à une étape supérieure dans ses provocations. Comme si l'objectif planifié apparemment de longue date est d'atteindre un point de non-retour dans les relations bilatérales. Le Maroc cherche-t-il la rupture définitive? La question se pose de facto à partir du moment où notre voisin de l'Ouest ne cesse de faire dans la surenchère.«Depuis dimanche dernier, nous recevons au quotidien des groupes de réfugiés syriens refoulés par les autorités algériennes», avait déclaré au site afrik.com Mbarka Bouaida, la ministre marocaine déléguée des Affaires étrangères. Ce qui lui a valu une volée de bois vert. «Cette interview est une bouillie de contrevérités pétrie de mauvaise foi. Les prétendues opérations d'expulsion de ressortissants syriens par les autorités algériennes vers le territoire marocain participent d'une grossière mise en scène qui ne trompe personne», lui a rétorqué le porte-parole de la diplomatie algérienne Amar Belani qui a tenu à lui signifier que «cette énième opération d'intox trouve tout naturellement sa place dans la longue et regrettable série de provocations à l'égard de notre pays». Un échange vif via des communiqués qui a juste laissé le temps au chef de la diplomatie algérienne de tenter de dépassionner les éléments de cette brouillerie. L'Algérie «entretient des relations normales et diversifiées avec le Maroc et privilégie toujours la solution pacifique en cas de différends», avait déclaré Ramtane Lamara le 12 février 2014 dans une interview accordée à la chaîne de télévision Russia Today. Des propos qui incitent à l'apaisement. Une semaine plus tard le souverain marocain adresse un message au chef de l'Etat qui laisse présager d'une baisse de tension dans les relations entre les deux pays. «Je prie Dieu, Tout-Puissant, de nous assister dans nos efforts visant à renforcer les jalons de notre édifice maghrébin afin qu'il soit une locomotive de progrès et de développement commun pour ses cinq pays et un véritable garant de l'unité, de la sécurité et de la quiétude de nos peuples frères», souligne la missive adressée par Mohammed VI à Abdelaziz Bouteflika dans la foulée de la participation de l'Algérie au 3e Forum des entrepreneurs maghrébins qui s'est tenu (du 17 au 18 février) à Marrakech. Un gage illusoire qui aurait dû conduire à l'apaisement des relations entre les deux pays. L'espoir d'une éventuelle décrispation des relations algéro-marocaines suscitée par le message du monarque alaouite au président Bouteflika aura lui aussi été bien éphémère. Le roi du Maroc n'avait de toute façon pas jugé utile de crever l'abcès en ce qui concerne les attaques verbales, les accusations mensongères ou l'affaire de l'emblème national du consulat d'Algérie à Casablanca profané par un de ses sujets le jour où le peuple algérien célébrait le 59e anniversaire du déclenchement de sa Révolution (voir L'Expression du 18 février). Le Makhzen a vraisemblablement choisi de souffler le chaud, le froid quand il ne souffle pas carrément sur les braises...