Le patron du MSP promet de mener une campagne de boycott avant et après la présidentielle autour de ce bilan. Des dépenses énormes et des résultats maigres. Tel est le constat établi par les partis de l'opposition sur les 15 ans de gouvernance du président Bouteflika. Lors d'une conférence consacrée à l'évaluation de la situation sociale et économique, tenue hier à l'hôtel Safir d'Alger, le groupe de la mémoire et de la souveraineté a présenté un procès sévère sur les réalisations de la dernière décennie. Dans son intervention, Abderrazak Makri, président du MSP, a tenu à relever en préambule la promesse non tenue du Premier ministre, à savoir la présentation du bilan du gouvernement devant l'APN. Sans aller par quatre chemins, M.Makri juge que les dépenses débloquées durant ces années n'ont pas mené aux résultats escomptés. Bien au contraire, le patron du MSP a tiré la sonnette d'alarme sur les rallonges budgétaires non justifiées. «Le recours abusif au fonds de régulation pour acheter la paix sociale risque de mener le pays à une impasse», a-t-il averti. Poursuivant son réquisitoire, Makri estime que les réalisations dont on se vante sont loin de refléter le développement dans le pays. Preuve, dit-il, les chiffres du Fonds monétaire international placent l'Algérie dans les derniers classements en matière de développement dans les différents secteurs. «Ce sont-là les vrais indices qui permettent de mesurer le niveau de développement durant ces dernières années et non pas les réalisations des infrastructures», a-t-il précisé en faisant allusion aux campagnes médiatiques menées par le gouvernement. Il appelle ce dernier à faire la comparaison avec les pays dont la situation était similaire avec l'Algérie. Le patron du MSP promet de mener une campagne de boycott avant et après la présidentielle autour de ce bilan. «Nous allons mener, à travers des conférences-débats, notre campagne de boycott pour démontrer la réalité aux citoyens», a-t-il affirmé. De son côté, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour a axé son intervention sur les hydrocarbures qui constituent 97% des exportations et la source de richesse. Or, cette richesse, rappelle-t-il, n'est pas éternelle, ce qui nécessite en urgence de réfléchir à développer d'autres sources de richesse. «L'Algérie jouit d'une aisance financière avec des réserves de change qui assurent 40 mois d'approvisionnement, mais l'économie reste fragilisée», a-t-il soutenu en citant la dépendance de l'économie aux hydrocarbures et la dépendance alimentaire au marché extérieur. L'ancien chef de gouvernement affirme que la production des hydrocarbures est en nette réduction. Ce qui traduit automatiquement un recul des exportations. Celles-ci risquent de baisser à 43 millions de tonnes à l'horizon 2016. Se référant à la moyenne du budget, M.Benbitour estime que le prix du baril doit être fixé à 190 dollars pour éviter des déséquilibres dans les finances de l'Etat. L'ancien ministre de l'Industrie, El Hachemi Djaâboub, a soulevé l'absence d'une vision économique claire au sein du gouvernement sur les choix à porter. Des lois contradictoires et des décisions prises à la hâte démontrent l'absence de maturité et de vision à long terme. «Le climat des affaires reste flou, ce que nous reprochent les investisseurs étrangers», a-t-il dit. Selon lui, l'Accord d'association conclu avec l'UE reste le plus grand obstacle à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce.