Le président Abdelaziz Bouteflika sera présent uniquement le premier jour du sommet arabe qui aura bel et bien lieu les 22 et 23 mai prochains à Tunis. Cette nouvelle a été annoncée par Abdelaziz Belkhadem, lors de la conférence de presse conjointe qu'il a animée hier avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à la résidence Djenan El Mithak : «L'Algérie sera présente au plus haut niveau en la personne du président Bouteflika ». Il a ensuite ajouté que l'Algérie abritera le prochain sommet arabe. La raison de l'absence du chef de l'Etat au deuxième jour du sommet tient du fait que Bouteflika se rendra dans la capitale sénégalaise, Dakar, où il doit assister à la réunion du Nepad dont il est l'un des promoteurs. Belkhadem a tenu à préciser que cette absence n'affectera en rien les résolutions du sommet puisque, dira-t-il: «les principales décisions seront prises lors de la journée d'ouverture». Dans cette rencontre avec la presse, le secrétaire général de la Ligue arabe est revenu longuement sur la réunion au sommet des rois et chefs d'Etat arabes, ainsi que sur les nombreuses questions qui font l'actualité ces derniers jours. La question de la révision des structures de la Ligue a été abordée, de même que le projet américain appelé Grand Moyent-Orient (GMO) évoqué par le conférencier. Il est évident également que la question a été liée à la souveraineté de l'Irak et les derniers développements survenus à la suite de l'affaire des cas de torture pratiquée par les soldats sur les civils irakiens et enfin de l'agression israélienne contre le peuple palestinien ont été abordés. Concernant le projet américain relatif au Grand Moyen-Orient, le responsable de la Ligue arabe a répondu que si dans le principe, tous les pays arabes sont d'accord sur le fond, il faudrait tenir compte aussi des volontés populaires : «cette question n'est pas facile» a-t-il ajouté, même s'il admet qu'il y a des avancées dans certains pays à l'image de l'Algérie. Par rapport à la nécessité de la tenue du sommet de Tunis, Amr Moussa a indiqué que l'ensemble des responsables arabes sont unanimes quant à l'urgence de réunir un tel sommet après avoir essuyé un premier report le mois passé consécutif à l'assassinat par l'armée israélienne du chef spirituel de Hamas Cheikh Yassine et ensuite de Al Rantissi : «C'est une autre raison pour tenir ce sommet» indiquera-t-il. Sur les cas de tortures pratiquées par certains soldats de l'armée américaine à l'encontre des prisonniers irakiens, le conférencier a appelé l'opinion internationale, l'ONU et les ONG non gouvernementales à se «déterminer par rapport à ces questions», qui sont à ses yeux «une grave atteinte aux droits de l'homme». Le problème lié à la décolonisation du Sahara occidental a été superbement ignoré par Amr Moussa qui a renvoyé cette question à l'Organisation des Nations unies : «Cette question concerne tout le monde», selon lui. Au sujet des réformes à engager pour permettre à la Ligue arabe de fonctionner comme les grands ensembles régionaux qui ont réussi à se doter des structures fiables et efficaces, le ministre des Affaires étrangères, Belkhadem à qui la question a été posée, a donné quelques indications utiles en indiquant que les principales innovations qui seront discutées lors du sommet de Tunis sont la création d'un Parlement arabe et d'un organisme social et économique qui planchera sur les efforts de développements économiques des pays arabes et la question du vote : «C'est un projet énorme qui englobe tous les aspects liés au bon fonctionnement de l'organisation. De comment voter, à l'unanimité, à la majorité simple ou absolue. Il y a aussi la création d'un tribunal arabe et la dotation d'un système bancaire», dira Belkhadem. La question de l'inamovibilité du secrétaire général de la Ligue a été soulevée et la réponse fut brève de la part de Amr Moussa qui a indiqué à ce sujet que cette question sera «soulevée en son temps». Ceux qui, parmi les pays arabes, militent pour une présidence tournante en auront pour leur frais. L'éventualité d'une force d'interposition arabe sera discutée lors du prochain sommet. Cette force sera engagée, dit-on, uniquement dans le cadre des missions de maintien de la paix de l'ONU.