Il a bien défini sa mission, celle de réunir toute la composante de la Ligue arabe. Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, ne désespère pas de ramener les Etats arabes à mettre leurs clivages dans le caniveau en prévision du prochain Sommet de Tunis prévu pour les 22 et 23 mai en cours. Après s'être rendu à Tunis, Tripoli et Rabat, le diplomate égyptien a fait une longue escale à Alger pour, dit-il, des «consultations» avec les responsables algériens sur ledit rendez-vous. Les dirigeants arabes, qui se sont renvoyés dos à dos à Tunis les 29 et 30 mars dernier à cause de profondes divergences de vues, ont mis dans l'embarras l'Egypte. Ce pays s'est assigné la lourde tâche de préparer les sommets à chaque fois que des désaccords se dressent en obstacle. Et en faisant ainsi «le porte-à-porte», Amr Moussa tente de sauver du naufrage une «nation» qui a tout l'air d'une coquille vide. Des «piques» de Kadhafi à l'adresse de l'héritier saoudien à la débandade de Tunis, en passant par l'échec de la rencontre des chefs d'Etat à Alger, les gouvernants arabes ont montré à quel point la construction d'une forte enceinte régionale n'est pas pour demain. La sensibilité des questions qui fâchent sont le facteur principal des revers à répétition où, souvent, les «mécontents» jurent de ne plus donner du crédit à tout ce qui émanerait de la Ligue comme décision commune. Et comme conséquences logiques de cet émiettement, l'inefficacité grandissante de la ligue à traiter des dossiers d'une extrême urgence. Les deux conflits majeurs de la région, la guerre en Irak et l'escalade de la violence entre Palestiniens et Israéliens, souffrent d'une implication arabe effective. Les simples voeux de paix n'ont été suivis d'aucune fermeté palpable. Tout comme le projet américain pour un Grand Moyen-Orient qui semble focaliser l'attention de plusieurs capitales arabes vu qu'il est porteur d'un remodelage important. Même l'obstacle du terrorisme n'est toujours pas transcendé faute d'un consensus pour une stratégie de lutte coordonnée. Les pays les plus exposés au danger terroriste continuent d'affronter seuls les groupes armés en dépit de tous les cris d'orfraie à l'internationalité du fléau. A ces différends intrinsèques, s'ajoute le désintérêt de plus en plus croissant des rues arabes qui se démarquent ostensiblement des «humeurs» de leurs dirigeants. A ce stade de déphasage, on est en droit de se demander quel impact pourrait avoir une réunion de la Ligue arabe? Absolument aucun, si ce n'est d'entretenir l'illusion d'une ligue qui, réellement, ne fédère que des contradictions. En tout cas, Amr Moussa a bien défini sa mission, celle de réunir toute la composante de la Ligue arabe. Ce faisant, réunir tous les pays membres est un exploit qui tend de plus en plus à devenir une finalité en soi. Concernant l'abord des problèmes d'intérêt commun, il est évident que les débats houleux, minés par une passion inégalable, ne permettent pas à la réflexion objective de prendre le dessus.