La lutte contre la corruption est aussi au menu de son programme L'air bonhomme, plutôt sympathique, le candidat présente le profil d'un père de famille honnête. Parmi les candidats éventuels à la présidentielle de 2014, l'ex-général M'hand Yala figure, sinon parmi les plus connus, du moins, parmi les plus médiatisés. L'air bonhomme, plutôt sympathique, le candidat présente le profil d'un père de famille honnête. Et même à travers ses réponses, on croit déceler cette «naïveté» sincère d'un homme plutôt droit et enclin à la droiture. D'entrée donc, un bon point «physique» ou présentiel pour cet homme. Lorsqu'on est candidat à la présidentielle, c'est bien, c'est même très bien, de faire figure de bon père de famille, mais il est aussi des choses qu'il faudrait déballer sur la table comme un programme solide, une capacité à cerner les priorités, une aptitude à hiérarchiser les priorités, une vision claire, etc. Lorsqu'on revoit certains passages du candidat M'hand Yala sur des plateaux de télévision, on remarque cependant des choses plus ou moins importantes. En ce qui concerne son programme, le candidat le veut axé autour d'une «révolution morale» ou, comme il lappelle par endroits une véritable «révolution populaire pacifique». C'est sur ce chapitre que le candidat qui est, rappelle-t-il, «à l'origine d'un mouvement qui milite pour un «Etat de citoyenneté» pour une rupture totale avec le système actuel» base son programme afin, dit-il, d'essayer de mettre l'Algérie là où elle devait être depuis longtemps. En tant que président, s'il est élu, il promet de veiller à assurer une transition politique à même de fonder une deuxième République, «cette transition, précise-t-il, pouvant être menée par tous les Algériens sensibles à l'état du pays et de la nation» et dont l'objectif est de résoudre le problème de «l'Algérie (qui) est dans l'impasse». La lutte contre la corruption est aussi au menu de son programme, un point qu'il essaie de développer en empruntant le couloir, trop étroit à notre avis, d'un certain Chakib Khelil en proposant de «durcir les lois». Les lois existent, et le candidat le sait. Ce qui manque, c'est l'application des lois et c'est le problème de l'Algérie que de ne pouvoir appliquer ses lois de notre temps. Là aussi M. Yala n'aurait pas choisi la bonne argumentation ni bien défendu son point de vue. Autre mauvais point pour si M'hand. L'ex-général prône une rupture avec le système. Cependant, il omet de dire que c'est ce système qu'il a toujours servi, et lorsque cela lui fut remarqué par l'animateur de Dzair TV lors de l'émission Controverses, il s'en défend aussitôt. «Je faisais partie de (il hésite, cherche les mots exacts....) des structures de l'Etat algérien, pas du système» et lorsque, étonné, l'animateur revient à la charge, le candidat va plus loin dans la même logique «les militaires ne font pas de politique... ils ont le pouvoir des structures qu'ils commandent» avant d'ajouter de manière claire, «aucun pouvoir aux mains des militaires» et «je n'ai pas cautionné le système». Si, par le bénéfice du doute, l'on ne peut pas contredire le candidat sur son cautionnement du système en place, force est de constater que, quant au rôle joué par les militaires dans notre politique, M. M'hand Yala est, soit tout à fait out d'une réalité qui est nôtre, soit il veut soutenir l'insoutenable. En tout cas, pour les Algériens qui l'ont entendu, cela constitue une erreur monumentale que de soutenir une telle idée avec une telle persistance. Un autre mauvais point pour Si M'hand. Interrogé sur la polémique qui avait enflammé le pays suite aux déclarations de Saâdani, l'invité de l'émission qui n'avait pas hésité à prendre la défense du DRS et de son chef, garde la même ligne de raisonnement. Certes, M. Yala est libre d'avoir les opinions qu'il veut, mais lui a-t-on dit que lors d'une émission télévisée, il y a des spectateurs qui n'ont pas tous le même avis sur une question et que lorsqu'on est candidat à la présidentielle, si on passe à la télé c'est d'abord, pour essayer de ratisser des voix. Or, prendre position dans une polémique qui, de surcroît, est passée aurait été complètement inutile lors d'un pareil exercice. Une bonne équipe de communication lui aurait sans doute fait comprendre cela. A propos d'équipe de communication, pour être franc, on a plutôt l'impression que M. Yala n'en a pas jusqu'à présent. Peut-être attend-il d'avoir la candidature validée pour en avoir, mais dans ce cas, ce serait trop tard. Par ailleurs, lorsqu'il parle en français, M. Yala est à l'aise, mais lorsqu'il parle arabe, il cafouille, il cherche ses mots, il hésite. Il demande même à l'animateur de lui passer les mots adéquats. Ceci, on l'a vu à toutes les émissions auxquelles il a été invité, entre autres, Manaber Erri'assiyet (tribunes des présidentielles), sur Dzair TV, Controverses sur Dzair TV et Kadhia wa nikache (Un thème, un débat) sur Ennahar TV d'il y a à peu près deux semaines. Du coup, le candidat semble hésitant, mal à l'aise lorsqu'il s'agit de s'exprimer en arabe. Est-ce que cela aurait un impact sur l'auditoire? Indiscutablement et cela constitue, malheureusement, un point de faiblesse dont il faudrait tenir compte à l'avenir. Sur le plan économique, M. Yala propose de «changer l'économie de la rente par une économie du travail» car, explique-t-il «depuis les années 1980 quelle que soit l'évolution à laquelle on réfère, nous sommes dépendants entre 95 et 98% des hydrocarbures». A la question de l'animateur de savoir comment, l'invité hésita puis proposa «en cessant progressivement d'exporter les hydrocarbures». De quoi vivrons-nous alors demanda l'animateur? «Il faut transformer ces hydrocarbures sur place» répondit-il. Après avoir écouté M. Yala, candidat éventuel à l'élection présidentielle de 2014, on sort avec une appréciation où l'on retient surtout que le bonhomme manque d'encadrement. Il n'a pas une équipe compétente. Il donne l'impression d'être venu, comme ça, se livrer au jeu des questions-réponses des animateurs sans s'y être préparé. Non, cela ne se passe pas ainsi Si M'hand, pas du tout. Lorsqu'on est candidat à la présidence d'un pays, on n'a pas le droit de chercher ses mots, on n'a pas le droit de chercher ses idées, on n'a pas le droit non plus d'hésiter lorsqu'il s'agit de convaincre les Algériens. Mais, après tout, disons bonne chance à l'ex-général de l'Armée algérienne.