L'autre fait notable de cette sortie publique est le refus catégorique de toute initiative ayant pour but l'abrogation du code de la famille. Le Syndicat national des magistrats (SNM) exclut tout bras de fer avec le département de Belaïz. «L'entrevue que nous avons eue avec la tutelle en février dernier a débouché sur des acquis considérables. La majorité de nos revendications ont été satisfaites», a déclaré Djamel Aïdouni, hier, en marge de la session extraordinaire du syndicat tenue à l'hôtel Safir. En présence de nombreux magistrats venus de toutes les wilayas, Aïdouni s'est félicité de «la réélection de M.Bouteflika qui est le premier magistrat du pays» tout en le blanchissant des âpres accusations ressassées à tire-larigot par ceux qui veulent «concrétiser des visées politiciennes sur le dos de la justice». Cette «pique» a été lancée à l'adresse des militants FLN, version Benflis, et leurs «relais médiatiques» qui se sont évertués à «prouver l'implication du président de la République dans le conflit du FLN». Pour ce qui est des sorties tonitruantes de l'ex-président du SNM, M.Ras El Aïn, son successeur s'est refusé à tout commentaire susceptible de «susciter une polémique insensée». Invité à donner plus de précisions, il a ajouté : «Dire que la justice fonctionne le jour comme la nuit est tout à fait correct. Nous faisons notre travail sans interruption.» Toujours en marge de la session, puisque les travaux se sont déroulés à huis clos, le porte-parole du SNM a récusé frontalement les «allégations» qui circulent à propos de l'indépendance des magistrats. «Je défie quiconque de m'apporter des preuves tangibles qu'un magistrat ait exercé son métier sous l'influence du pouvoir politique», a-t-il défié. Notre interlocuteur s'était tellement arc-bouté sur cette «certitude» que tout fait la contredisant est vite attribué aux «individus qui font de la politique politicienne». Et le ministre de la Justice fait-il de la politique politicienne? Celui-là même qui a insisté à maintes reprises sur l'impératif de «revoir le statut des magistrats et leur accorder plus de pouvoir». Un avis partagé par les avocats. Tout comme les magistrats eux-mêmes qui ont connu des moments de grogne extrême. D'où s'impose la question sur la véritable représentativité de l'équipe dirigeante actuelle. Et le vaste mouvement de renouvellement des sections régionales du syndicat pourrait bien être motivé par «l'éloignement des syndicalistes gênants». L'autre fait notable de cette sortie publique du SNM est son refus catégorique de toute initiative ayant pour but l'abrogation du code de la famille. En termes clairs et précis, Aïdouni considère le code en vigueur totalement «compatible avec les préceptes de l'Islam et il n'y a point de raison qui puisse justifier sa suppression». Paradoxalement, l'un des ateliers du président de la République est la réforme de ce code jugé trop «méprisant» pour la femme. Une commission de réflexion est déjà à pied d'oeuvre. S'agissant de l'ordre du jour de la session, trois points animeront les débats. La restructuration du syndicat lui même avec un regard sur la loi qui le régit, les deux projets de loi relatifs au magistrat et au Conseil supérieur de la magistrature et, enfin, le rôle du syndicat par rapport aux différents chantiers figurant dans le programme du chef de l'Etat.