la polémique sur la faisabilité de la réconciliation nationale semble définitivement dépassée. Le syndicat national des magistrats (SNM) s'est prononcé sur la «réconciliation nationale», prôné par le chef de l'Etat, recommandant son «parachèvement dans son cadre juridique». Lors du point de presse ayant sanctionné la session extraordinaire du syndicat, tenue les 5 et 6 mai à l'hôtel Safir, Djamel Aïdouni, président du SNM, a mis l'accent sur «le rôle important du magistrat qui veille au respect des droits de la défense des prisonniers et des citoyens en général, conformément à la loi». Ainsi donc, le SNM qui est résolu à participer activement à la concrétisation de l'ensemble des chantiers initiés par M.Bouteflika, vient de peser de tout son poids sur l'un des volets les plus controversés du programme du président. Du coup, la polémique sur la faisabilité - du point de vue juridique - de la réconciliation nationale semble définitivement dépassée. Il ne reste qu'à asseoir les fondements juridiques sur lesquels reposera cette politique réconciliatrice. Dans ce chapitre, un énorme vide demeure à combler. Si le SNM et le chef de l'Etat sont sur la même longueur d'onde «sur la nécessité de mener à son terme le processus de réconciliation nationale», il n'en est pas ainsi en ce qui relève du code la famille. Les avis sont diamétralement opposés. Aïdouni a réitéré le sien en ces termes : «Le code de la famille est effectivement à parfaire, sans pour autant qu'il y ait nécessité à l'abroger, et ce, afin de préserver les acquis de la nation qui sont : son identité nationale et confessionnelle ainsi que son régime social.» Le même magistrat a mis en garde contre les «dangers» d'une telle réforme qui pourrait être à l'origine de la «dislocation de la société». Une résistance qui, à présent, n'a provoqué aucune réaction de la part des officiels. Néanmoins, un terrain d'entente est largement envisageable compte tenu du «satisfecit» de Aïdouni sur toutes les démarches engagées par la tutelle. Il est allé jusqu'à laver de tout soupçon l'autorité judiciaire «d'avoir agi arbitrairement contre certains magistrats». Ce qui n'était pas «bon à entendre» au milieu de la corporation au temps où Ras El Aïn dirigeait le syndicat. Par ailleurs, le SNM a adopté un chapelet d'amendements relatifs aux statut et régime du syndicat. Aussi, il a été décidé de créer des commissions spécialisées permanentes auprès du bureau exécutif. D'autre part, le SNM a convenu à ce que le conseil supérieur de la magistrature «décide du sort des magistrats passibles d'erreurs professionnelles». Interrogé sur le cas des magistrats dont la réintégration n'est toujours pas à l'ordre du jour, le conférencier a prétexté, ces cas pour «la lenteur des enquêtes du fait de leurs sensibilités». Pour le congrès qui a essuyé plusieurs reports, il s'en est subrepticement passé en disant que celui-ci «n'était pas à l'ordre du jour». Une réponse qui ne fait qu'obscurcir davantage une situation déjà assez ombreuse. La mue du syndicat n'est peut-être pas accomplie à part entière pour qu'il puisse se projeter sérieusement dans «l'après Ras El Aïn». Parallèlement à cette session extraordinaire, un communiqué du ministère de la Justice a fait savoir que 2847 juges des tribunaux et cours de justice, à travers tout le territoire national, bénéficieraient - du 12 mai jusqu'à la fin du mois de juillet - d'un «programme de formation continue». La finalité de l'initiative, explique le communiqué, est de «réaliser une réforme globale du secteur tel qu'envisagé dans le programme du président de la République». La même source rappelle que ce programme a été lancé officiellement le 21 mars dernier par le ministre de la Justice et garde des sceaux visant en substance «l'enrichissement de la réflexion judiciaire chez les magistrats en exercice».