De nombreuses préoccupations agitent les esprits appartenant à l'institution judiciaire. Celles-ci ont fait l'objet d'une rencontre-débat, tenue jeudi dernier au tribunal d'Alger. Cette rencontre, initiée par le Syndicat national des magistrats (SNM), a regroupé l'ensemble des magistrats de la région du centre du pays, à savoir Boumerdès, Blida, Bouira et Alger, en vue de leur mobilisation autour du principe de «l'indépendance de la justice». M.Djamel Aïdouni, président du SNM, a exhorté d'emblée les magistrats à une «réunification des rangs et à l'incarnation de l'esprit de solidarité entre les juges, eu égard à la conjoncture difficile que traverse le pays». En décodé, M.Aïdouni veut signifier aux magistrats que la justice est actuellement dans la ligne de mire et qu'il est nécessaire de se démarquer de tout activisme politique pour préserver l'intégrité du secteur. L'on se rappelle tous de l'invalidation du 8e congrès du FLN ayant entraîné, dans son sillage, des effets nuisibles sur l'appareil judiciaire. Des voix se sont élevées parmi les représentants de la société civile, les leaders de partis politiques contre les pratiques de la justice «de nuit» et l'instrumentalisation de celle-ci à des fins électoralistes. Mohammed Ras El-Aïn, ex-président du SNM, a, lui-même, été de cette trempe, qui a remis en cause l'impartialité de la justice dans l'affaire du FLN. Son successeur, à la tête du Syndicat des magistrats, tente, aujourd'hui, de faire table rase sur ces incidents étayés comme un scandale sur la place publique. M.Aïdouni ne veut plus parler des démêlés de la justice avec la politique. Aussi, refuse-t-il de faire un quelconque rapport entre l'institution judiciaire et les remous politiques que connaît actuellement la scène politique nationale. Lors de la rencontre de jeudi dernier, M.Aïdouni a débord démenti toutes les déclarations rapportées dans les colonnes de la presse nationale au sujet de l'instrumentalisation de la justice. Ensuite, le président du SNM a ajouté que «les magistrats ne sont pas habilités, conformément à la loi, de s'exprimer en des termes politiques sur telle ou telle situation». C'est ainsi que M.Aïdouni compte «protéger» l'institution judiciaire et ses membres des moeurs politiques du pays. La mission du Syndicat national des magistrats se limite, selon son président, à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles de ses membres. «Les rétributions des magistrats doivent être alignées sur celles des membres du pouvoir exécutif et législatif», a déclaré M.Aïdouni. Il a ajouté qu'une plate-forme de revendications est déposée auprès du ministre de la Justice portant sur le statut des magistrats et leur rémunération ainsi que sur l'octroi des logements au profit des magistrats et des prêts bancaires pour l'achat de véhicules.