Une grande fraternité lie les peuples algérien et vénézuélien A l'occasion de la commémoration de la disparition du président leader bolivarien, Hugo Chávez, nous nous sommes rapprochés de la chargée d'affaires de l'ambassade du Venezuela, Madame Yurlen Rondón, pour parler de la situation alarmante qui prévaut actuellement au Venezuela et de la politique du successeur de Chavez, le président Maduro. Fidèle à la vision patriotique du président Chávez, Mme Yurlen Rondón est une diplomate engagée, qui a fait ses armes à l'université. Licenciée en études internationales, elle fut professeure universitaire et a travaillé au ministère de la Culture avant d'intégrer le bureau du vice-ministre pour l'Afrique au niveau du ministère du Pouvoir populaire pour les Relations extérieures. Elle a également collaboré avec la Radio du Sud, animant une émission «En syntonie avec l'Afrique». Mme Rondón livre sa réaction et la position de son gouvernement vis-à vis de la situation difficile de son pays. L'Expression: Excellence, une année après la disparition du président Chavez, le pays vit des moments difficiles. Pouvez-vous nous expliquer la situation? Depuis 1999, le Venezuela possède un gouvernement révolutionnaire et depuis cette date, le gouvernement a fait face à des tentatives de déstabilisation dont la plus importante fut en 2012, où on a eu une tentative de coup d'Etat. En 2003, il y a eu la crise pétrolière, plus précisément un sabotage pétrolier, qui a été orchestré par les élites qui étaient à la tête de l'entreprise de pétrole Pdvsa. En 2004, un référendum a été demandé par l'opposition, (ce qui est un droit constitutionnel) et le président Chávez en est sorti gagnant. Et depuis, toutes les élections nationales qui se sont déroulées dans le pays, l'opposition crie toujours à la fraude alors qu'après vérification des PV des bureaux de vote, il s'avère que tout est bien en règle. Il est important de rappeler qu'en avril dernier, suite au décès du président Chávez, de nouvelles élections ont été convoquées. Et la différence entre le président Maduro et le représentant de l'opposition était de 1,54%. Cette différence étroite a été utilisée par l'opposition, sans oublier la grande guerre économique qui a été lancée par les opérateurs économiques, ils ont accaparé des produits d'alimentation de première nécessité, alimentant le marché parallèle. Ce qui a fait élever le prix du dollar à des niveaux hallucinants. Ils ont utilisé cela pour augmenter les prix, ce qui fait qu'aujourd'hui l'inflation au Venezuela est très élevée. Donc, ce que je veux vous dire avec tout ça, est que le gouvernement a toujours fait face à des tentatives de déstabilisation. On a remarqué que le président Maduro a moins de charisme, moins de présence pour s'imposer sur la scène politique dans le pays, contrairement à Chávez qui était populaire et très présent dans les médias nationaux et surtout internationaux. Bien sûr, les médias occidentaux veulent montrer que le président Maduro a moins de charisme ou moins de présence que le président Chávez. Il est vrai qu'il est très difficile de comparer quelqu'un avec le président Chávez. Il avait un grand charisme comme étaient certains présidents à une certaine époque, comme Nasser en Egypte ou Boumediene en Algérie. Ces présidents étaient nationalistes et populaires. Le président Maduro jouit aussi d'une grande popularité et en voyageant dans le pays, ça se sent sur le terrain. Récemment, le président Maduro a appelé au dialogue avec l'opposition pour régler les problèmes d'ordre social. Où en sont les discussions? Ce n'est pas la première fois que le président appelle à un dialogue. Il le fait en permanence et le fait de ne pas le dire à l'opinion publique fait partie de la guerre médiatique contre le Venezuela. Le président Maduro a appelé en permanence les membres de l'opposition à se réunir avec lui à chercher une solution commune et à dialoguer dans la paix. Mais les membres de l'opposition refusent toujours de prendre part au dialogue. En décembre, le président Maduro les avait invités, dans le but d'arriver à une paix nationale, mais ils refusent toujours d'y assister. Il y a eu justement avant-hier la conférence pour la paix à laquelle ont pris part différents représentants du secteur économique et le Parti de l'action démocratique a refusé d'y prendre part. Le Venezuela a été protégé de la déstabilisation grâce à ses ressources naturelles et plus particulièrement, le pétrole. Aujourd'hui, cette puissance pétrolière en Amérique latine est-elle toujours en place? Ce n'est pas seulement les ressources pétrolières qui ont permis au Venezuela d'éviter les tentatives de déstabilisation, bien que ce soit vrai que le Venezuela est une puissance pétrolière dans la région et qui possède des réserves pétrolières les plus importantes au monde, au-dessus même de celles de l'Arabie Saoudite. Mais c'est surtout la vision nationaliste et patriotique du gouvernement qui est toujours orientée vers le Sud ce qui lui permet de se maintenir en place. Sur le plan international, le Venezuela était devenu célèbre grâce aux tournées du président Chávez, en Europe, au Moyen-Orient, en Iran et surtout dans le Monde arabe. Pourquoi le président Maduro ne fait plus ces tournées pour se faire connaître et défendre sa politique dans le monde? Le fait de ne pas connaître la position du Venezuela fait partie de la guerre médiatique que mène l'opposition contre le gouvernement. Le Venezuela a été toujours victime d'un black-out médiatique international. Les grands médias internationaux diffusent l'information du Venezuela qui sert son intérêt. Etant des instruments idéologiques, des instruments mondiaux. Et donc le fait qu'on ne connaisse pas notre position fait partie de cette campagne. On ne connaît pas la position du Venezuela par rapport aux révolutions arabes et la Syrie! Mais le président de la République s'exprime à tous les forums, latino-américains, en Europe, sur la position du Venezuela et il exprime toujours la position du pays sur la conjoncture actuelle, que ce soit sur le printemps arabe et sur le printemps des couleurs. Actuellement, dans le pays, il existe un petit groupe fasciste dans la rue, financé et stimulé idéologiquement par le gouvernement des Etats-Unis, qui fait partie des tentatives de reproduire le modèle des révolutions arabes ou des révolutions de couleur en Europe. Ça obéit au même modèle. Le 23 janvier de cette année, les membres radicaux de l'opposition ont, après les nombreux échecs cumulés sur le plan électoral, appelé la population à manifester et ce que le gouvernement a toujours permis, car c'est un droit démocratique. Ils prétendent manifester contre l'insécurité et la situation économique, (alors que le gouvernement n'a pas nié avoir un problème dans ce domaine), mais ce qui est curieux c'est que ces manifestations finissent par un appel pour destituer le gouvernement ou à un appel au coup d'Etat. Il y a un petit groupe d'environ 2000 personnes dans environ huit communes des 333 communes du Venezuela, qui sont en train de causer des destructions et la police nationale tente de les arrêter. Mais la police municipale ne reçoit pas d'ordre de ses maires, et de ce fait, il existe aujourd'hui au Venezuela une violence concentrée et dans tous les cas il y a des manipulations médiatiques qui montrent des images d'incidents qui ne se sont pas passés au Venezuela, provoquant par la suite les réactions du département des Etats-Unis, appelant à intervenir dans la politique interne du Venezuela. Chose que nous, nous n'acceptons pas. On voit que c'est le même modèle, que ce qui s'est passé dans le monde récemment. Mais Excellence, ne pensez-vous pas que la politique du président Obama est moins agressive que celle prônée dans le passé par l'administration Bush envers le Venezuela. On sent même qu'il y a une tentative de rapprochement des Etats-Unis? Personnellement, je ne vois pas de rapprochement ni de différence dans la politique américaine. Où en sont les relations algéro-vénézuéliennes? Les relations entre l'Algérie et le Venezuela sont excellentes. Ce sont des pays amis, puisque les deux nations sont partenaires dans différents secteurs, notamment dans le domaine énergétique et dans le domaine de coopération où nous avons de nombreux accords Une grande amitié liait le président Bouteflika et le président disparu Chávez. Une grande fraternité lie également les deux peuples algérien et vénézuélien. Le pays va commémorer après-demain, une année depuis la disparition du président Chávez. Que reste-t-il du message et de l'héritage du leader bolivarien? Il reste tout, en fait, de l'héritage du président Chávez, la majorité des citoyens se sentent représentés dans la vision de Chávez, aussi bien dans sa vision clairvoyante que sur le plan social et économique. C'est une grande fierté pour les Vénézuéliens d'appeler le commandant Chávez comme un compatriote et un leader éternel, et le projet et la mission bolivarienne se poursuivront pour le pays.