L'esprit d'Hugo Chavez a gagné. Le président par intérim du Venezuela, Nicolas Maduro, a été déclaré vainqueur à l'élection et succède ainsi au Commandante, toujours vivant dans la conscience des Vénézuéliens. Le résultat du scrutin a été serré. L'opposant Henrique Capriles a perdu malgré une campagne empreinte de critiques systématiques de l'héritage chaviste. Le Venezuela, pays pétrolier de 29 millions d'habitants, reste profondément imprégné de révolution socialiste. La victoire a été serrée. Maduro, 50 ans, l'a emporté avec 50,66% des suffrages, face au candidat de l'opposition Henrique Capriles. Ce dernier, adepte de l'économie de marché, n'a pas accepté sa défaite et comme attendu a refusé de voir la réalité de la victoire de Maduro. «Mission accomplie Commandante! », a par contre lancé Maduro devant les Vénézuéliens au palais présidentiel de Miraflores, se félicitant d'une victoire électorale «juste, légale, constitutionnelle». «C'est une autre victoire, un hommage à notre Commandante Hugo Chavez», a clamé le président élu. En effet l'esprit de Chavez aura particulièrement marqué ces présidentielles. Au Venezuela, l'électeur vote sur une machine électronique. L'opposition particulièrement revêche dit vouloir recompter les bulletins. La présidente argentine, Cristina Kirchner, et son homologue équatorien, Rafael Correa, ont félicité Maduro pour sa victoire, suivis par le président bolivien Evo Morales, qui a salué «une élection qui respecte les résultats». Sous Chavez le Venezuela a consolidé son influence régionale se plaçant comme un exemple pour les pays d'Amérique du Sud. Pour beaucoup de Vénézuéliens Maduro reste le garant des missions bolivariennes, notamment les programmes sociaux, financés par la manne pétrolière du pays, que les oligarques voudraient contrôler. L'ère Chavez aura surtout été celle des acquis sociaux. Avec la hausse des prix du pétrole Chavez a lancé une série de réformes qui ont permis d'augmenter la rente pétrolière grâce à la fiscalité et de contrôler l'actionnariat des projets énergétiques. En 14 ans, le taux de la population touchée par la pauvreté a reculé de manière spectaculaire passant de 50 à 29%. Des chiffres reconnus même par l'ONU. Malgré ces réalisations la tâche s'annonce difficile pour Maduro, qui a repris le flambeau anti-impérialiste. L'interventionnisme des Etats-Unis au Venezuela ne cessera pour autant pas. Le vide laissé par Chavez sera difficilement colmaté.
Poursuivre l'héritage Chavez Le nouveau président sera en principe investi vendredi prochain pour un mandat de six ans. Une ascension fulgurante pour cet ancien chauffeur d'autobus venu à la politique par le syndicalisme. Considéré comme le fils spirituel de Chavez, il est finalement devenu président du Venezuela. Comme l'avait demandé peu avant sa mort le Commandante. Membre du premier cercle de Chavez, Maduro aura un handicap patent, celui de ne pas bénéficier du charisme et de l'éloquence de son mentor, même si l'onction d'un Hugo Chavez aura son poids dans sa gouvernance. Le discours prôné n'est pas très différent. Le nouveau gardien de la révolution bolivarienne, et garant de l'unité du chavisme, proclame sans relâche sa fidélité à l'ancien président, tout en laissant entrevoir un style propre. «C'est l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités» pour diriger le pays, avait affirmé Hugo Chavez début décembre en le désignant comme son héritier politique. L'affirmation-consigne aura été approuvée par des millions de Vénézuéliens, notamment dans les milieux populaires qui vouent pour Hugo Chavez une considération quasi mystique. Ministre des Affaires étrangères depuis 2006, Nicolas Maduro a été nommé vice-président dans la foulée de la victoire de Chavez à la présidentielle du 7 octobre 2012. Il était devenu président par intérim à la disparition du Commandante. Cet ancien dirigeant du syndicat du métro de Caracas avait été président de l'Assemblée nationale. Mais face à une opposition particulièrement acrimonieuse, Nicolas Maduro n'aura pas la partie aisée. Cependant le nouveau président du Venezuela a déjà annoncé la couleur. Il a durci le ton à l'égard d'une opposition dont les ramifications avec les lobbys américains ne sont plus à démontrer. Il reprendra à son compte le discours sans concession de Chavez, appelant «à travailler pour la paix et la prospérité dans le pays et poursuivre l'héritage du Commandante, face aux bourgeois et aux fascistes». L'esprit d'Hugo Chavez est toujours vivace. M. B.