«Nous sommes engagés dans une guerre de l'information et nous sommes en train de perdre cette guerre.» Hillary Clinton, le 2 mars 2011, devant le Comité sénatorial des Affaires étrangères américain Dans une intervention, sur le site Médiapart, la sénatrice Nathalie Goulet, membre de la commission des Affaires étrangères et la Défense, vice-présidente du groupe d'amitié France-Pays du Golfe, France Turquie et France-Chine et présidente du groupe France-Yémen, a fait une étude portant sur l'utilisation des langues étrangères par France Médias Monde (anciennement l'Audiovisuel extérieur de la France) qui regroupe France 24, RFI et Radio Carlo Doualiya (radio en langue arabe). La sénatrice française a critiqué l'installation du média français dans le monde et misé son analyse sur deux grandes nations, la Chine et la Russie. Elle a noté, par exemple, que la Cctv chinoise dispose de six chaînes de télévision à l'international (anglais, espagnol, français, russe, arabe et une chaîne visant le continent africain) et que la chaîne russe RT diffuse en quatre langues (russe, anglais, arabe et espagnol), alors que le BBC World Service diffuse ses émissions radios dans une trentaine de langues et des émissions de télévision en arabe, persan, anglais et russe. Alors que France 24 est disponible en trois langues (français, anglais, arabe), RFI en français et 12 langues étrangères. Elle s'interroge, pourquoi avoir un service radio en roumain, langue peu stratégique (celui de la BBC a disparu en 2009!) Un exemple de réactivité: en 2005, la BBC a fermé 12 de ses services linguistiques centrés sur l'Europe afin de les redéployer vers la zone asiatique et moyen-orientale. Elle précise que le seul site du BBC World Service propose un suivi de l'actualité sur cinq continents en 31 langues dont 14 pour les aires asiatiques. Sa concurrente américaine (Voice of America) en compte 45. Dans le même temps, RFI a supprimé cinq langues européennes en 2009 et une langue asiatique, puis rajouté deux langues africaines. Le réseau audiovisuel français reste encore trop cantonné au monde du XXIe siècle et à l'Afrique francophone pour RFI. La Russie, les pays asiatiques, le Monde arabo-musulman dans sa complexité et même l'Amérique latine, sont laissés-pour-compte. Tout en évitant de la critiquer ouvertement, elle a ajouté que même s'il faut noter l'initiative heureuse de Marie-Christine Saragosse, la nouvelle directrice de France Médias Monde qui diffuse deux heures en espagnol à destination de l'Amérique du Sud, cela est insuffisant. «Notre audiovisuel est éclaté entre France Médias Monde et TV5. On peut s'interroger sur la cohérence d'avoir un groupe unique qui proposerait des services harmonisés à destination de publics différents. Pourquoi, le téléspectateur de France 24 en anglais, l'auditeur de RFI en persan, seraient-ils limités à de l'information? s'interroge la sénatrice. Il faut sérieusement repenser l'organisation. Même si la fusion ne semble pas opportune, ni la réponse appropriée, il n'est pas douteux qu'une coopération plus intense soit bienvenue, ajoute-t-elle? Mais dans le financement des programmes, la sénatrice épargne France Médias Monde, en s'interrogeant: «Que fera FMM par rapport à de tels concurrents?» Elle affirme que FMM dispose d'un budget alloué par l'état qui s'élève à 240,3 millions d'euros, plus de ressources propres comme la publicité, soit un total de 251,8 millions d'euros pour environ 1400 employés. [email protected]