Censée être une force de proposition et un réel contre-pouvoir, l'opposition politique n'arrive toujours pas à trouver ses repères. L'onde de choc de la dernière élection présidentielle continue de peser sur la classe politique. Paradoxalement, seul le FLN, rongé par des luttes de leadership, s'est imposé sur la scène médiatique. Ce qui, encore une fois, confirme la déroute du 8 avril des partis de l'opposition, toutes tendances confondues. Plus réactives qu'actives, la plupart de ces formations politiques, n'arrivent pas à mobiliser les masses. D'abord, en raison d'un discours empreint d'invective et de démagogie, et ensuite à cause de l'absence de travail de proximité et d'alternatives réalistes et réalisables. Le boycott des élections, unique stratégie adoptée par certains partis pour exprimer leur rejet de tout ce qui émane du pouvoir en place, ne semble avoir eu aucun impact sur les institutions qui continuent à fonctionner contre vents et marées. Censée être une force de proposition et un réel contre-pouvoir, l'opposition politique n'arrive toujours pas à trouver ses repères. Elle est quasiment absente même dans les grands évènements engageant le devenir de la nation, comme le débat sur l'adhésion de l'Algérie à l'UE et à l'OMC, le projet du Grand Moyen- Orient et les nouveaux équilibres géostratégiques, le dialogue social, le statu quo en Kabylie...et la grogne citoyenne dans certaines régions du pays, dont la dernière en date a touché la wilaya de Ghardaïa. En somme, les partis politiques algériens, dans leur écrasante majorité, articulent leurs discours autour d'attaques personnelles, comme ce fut le cas lors du dernier scrutin. Aucun mot sur les préoccupations majeures de l'heure, notamment, l'emploi, le logement et la situation sociale des citoyens. A ce propos, la seule alternative demeure la mobilisation des réserves de change pour l'amélioration des conditions de vie des populations. à aussi, l'on décèle un manque de réalisme et de vision à moyen et long termes, d'autant plus que les économistes sont unanimes à considérer que cette importante manne financière constitue une garantie pour l'Algérie, vis-à-vis des institutions monétaires internationales. Son utilisation doit se faire en fonction des priorités, c'est-à-dire des créneaux créateurs de richesses. C'est là que réside, donc la différence entre le populisme et la réalité du terrain, et que certains responsables politiques conditionnés par les «oeillères» du pouvoir, feignent d'ignorer, l'espace d'un meeting de campagne électorale. Par ailleurs, sur le plan organique, il est clair que les bases militantes sont rarement consultées dans des dossiers sensibles, puisque, la plupart du temps, ce sont les appareils politiques, qui, à coups de communiqués, prennent les décisions qui engagent le parti et parfois même au détriment des statuts et autres textes réglementaires. Les défections qu'ont connues jusque-là certains partis politiques ne sont que le résultat d'un manque de communication et de coordination entre leurs structures. Toutes ces lacunes ont ouvert une brèche à certains partis «occasionnels» pour occuper le devant de la scène, en se posant comme les représentants de plein droit de cette majorité silencieuse qui a décidé de bouder les urnes, lors de la dernière élection présidentielle. A l'image de l'UDR d'Amara Benyounès qui, voulant «faire de la politique autrement» considère qu'il ne suffit pas de s'inscrire ouvertement dans l'opposition pour dénoncer le pouvoir en place. Idem pour le MDS qui multiplie meetings et sorties médiatiques pour dire qu'il détient la véritable alternative. Pour M.El Hachemi Chérif, l'opposition politique a montré ses limites en cautionnant un processus électoral faussé d'avance, la concorde civile initiée par M.Bouteflika, «ne profite qu'aux terroristes». A quelques semaines seulement des grandes chaleurs de l'été, il est à espérer que la réaction des partis de l'opposition sera prompte de sorte à ce que ce silence radio, ne soit pas le calme qui précède...la trempette.