Le hidjab a éclipsé le hayek, une mutation forcée imposée par un Islam importé Autres temps, autres moeurs! A l'air joyeux et aux minijupes qui ornaient les rues de la capitale durant la fin des années 1960-1970, arrive le hidjab d'Arabie, d'Iran et d'Afghanistan. La décennie noire a bouleversé la société algérienne. Cinquante-deux ans après l'indépendance, la femme algérienne doute toujours. Elle doute de la sincérité des responsables politiques, de leur loyauté, de leurs visées et de leurs décisions. Elle doute de sa condition d'un extrême paradoxe. L'Algérie est le seul pays au monde où la femme peut devenir président de la République tout en gardant son statut de mineure. Pour ceux qui doutent de la pertinence de ce paradoxe, le Code de la famille fera foi. Elaboré en 1984, sous l'égide du parti unique, ce code a été révisé en 2005, mais il maintient toujours la présence d'un «tuteur matrimonial», souvent le père ou le frère, lors des mariages. Ce texte donne explicitement «la gestion de la femme par les hommes». En d'autres termes, si une femme sera élue présidente, elle peut gérer un pays, déclarer une guerre, mais elle ne peut se marier qu'avec l'autorisation d'un tuteur! Pourtant, la société algérienne subit de profondes mutations induites notamment par une scolarisation massive depuis ces 20 dernières années. De par la composition de la société algérienne, en majorité faite de femmes, cette scolarisation massive a ouvert des portes aux femmes. Près de 60% de réussite au Bac chaque année et donc autant de femmes à l'université. Elles ont acquis la majorité dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Dame justice se met à la mode. Elle se féminise, elle aussi, puisque le taux de présence des femmes dans le corps de la justice dépasse 42% dans le corps de la magistrature (2064 femmes magistrates). De même qu'elle est présente au niveau de toutes les juridictions, y compris la Cour suprême et le Conseil d'Etat présidé par une femme. Elle est également présente dans l'administration centrale, les différentes juridictions, les écoles de formation et les greffes où le nombre de femmes avoisine les 66% et les différents métiers d'auxiliaires de justice représentés par 32% de femmes, tandis que la Fonction publique compte plus de 607.000 femmes soit 31,8% des travailleurs. Partant de ce constat, la femme algérienne participe à l'activité économique à hauteur de 17,6% (1.900.000 femmes) de la totalité de la population active. A l'évidence, ces acquis sont le fruit d'un combat sans merci mené par la femme contre l'obscurantisme islamiste. A la simplicité de la vie, à l'air joyeux et aux minijupes qui ornaient les rues de la capitale durant la fin des années 1960 et le début des années 1970, arrive le hidjab noir corbeau d'Arabie, d'Iran et d'Afghanistan. Autres temps, autres moeurs! La décennie noire a laissé de grandes séquelles. Une mutation forcée imposée par un Islam importé d'ailleurs a violenté jusqu'aux moeurs et aux traditions de la société algérienne. L'empreinte islamiste de plus en plus visible dans la tenue vestimentaire n'a cependant pas empêché les Algériens d'aller au-delà des «layadjouz», en tout genre. Une autre mutation est déjà amorcée. C'est ce que le quotidien américain New York Times appelait dans l'un de ses articles publiés il y a quelques années: la révolution tranquille. Cette révolution s'accomplit au plan social, mais elle est à ses premiers balbutiements au plan politique. En effet, l'Algérie s'est distinguée dans le Monde arabe, étant le premier pays à dépasser le seuil de 30% de représentativité des femmes au Parlement alors que la moyenne mondiale est d'un peu plus de 19%. L'actuelle Assemblée populaire nationale (APN) issue du scrutin législatif du 10 mai 2012, est composée de 145 femmes, soit plus de 31% parmi les 462 députés. La progression en matière de représentativité des femmes au sein du Parlement est significative puisque celle-ci n'était que de 7% seulement dans l'Assemblée sortante. Elles étaient 31 seulement à siéger à l'APN en 2007. Cet important «progrès» a été salué par les grands de ce monde, notamment l'ex-secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague et la présidente de la délégation du Parlement européen, Tokia Saïfi. Mais ce n'est pas suffisant pour se saisir du levier de la décision politique qui est resté du ressort de l'homme. Mais, le chemin est encore long. Depuis quelques années a surgi le phénomène de la violence contre les femmes. Les jeunes femmes sont de plus en plus la cible d'insultes dans la rue, soit parce qu'elles ne portent pas le hidjab, soit parce qu'elles suivent des études supérieures ou elles travaillent...