L'événement, pour le président, est une occasion pour défendre de nouveau sa «réconciliation nationale». Le président de la République a rendu publique une déclaration à l'occasion de la commémoration des tragiques évènements du 8 mai 45. Cette occasion, pour le président, permet de scruter le passé afin de mieux se projeter dans l'avenir : «Si le prix de la liberté reste inestimable, celui de sa préservation l'est encore davantage.» Bouteflika précise, à ce sujet, que la liberté ne peut signifier que plus de développement et de justice sociale. Une option précisément inscrite dans son fameux projet portant «réconciliation nationale» tel que décrit dans son discours d'investiture. «Opter pour la réconciliation globale en tant que choix incontournable (est un enjeu) pour garantir une vie digne et juste loin de toute forme d'exclusion et d'extrémisme.» Le président explicite un peu plus sa vision en ajoutant que «la cohabitation entre tous est possible dans le cadre de la bonne gouvernance et dans un Etat fort du génie de ses enfants et de leur détermination à entreprendre toujours des actions performantes et à s'intégrer dans le monde de la modernité, en tant que partie prenante, pour que plus jamais ne se reproduisent des massacres» pareils. Bouteflika, dans son message, ne manque pas de relever l'existence de colonies jusqu'à ce jour, ce qui constitue une aberration compte tenu de tous les sacrifices consentis par l'humanité afin d'accéder à son émancipation, dans le cadre de lois internationales au-dessus desquelles nul ne devrait se placer. L'allusion, croit-on savoir, concerne notamment la question du Sahara occidental à cause du refus ostentatoire marocain de se conformer aux résolutions onusiennes prises en ce sens. Dans son message, en outre, Bouteflika ne manque pas de revenir sur les circonstances tragiques qui avaient précédé, accompagné puis suivi ce véritable crime contre l'humanité commis en Algérie par l'autorité coloniale. «Les massacres de mai 1945 ont été un autre tribut que notre valeureux peuple à dû payer de sa chair et de son sang pour la liberté alors qu'il voulait exprimer sa joie. (...) Mais en guise de récompense, il dut subir les feux du napalm des tyrans du colonialisme lancés d'abord à l'est du pays pour s'étendre ensuite à travers tout le territoire», s'indigne le président dans son message. Bouteflika, qui ne cherche réparation auprès de personne, sachant que sa doctrine se base sur la réconciliation et le pardon, n'en souhaite pas moins que ces événements n'aient pas de cesse d'être évoqués, afin de ne plus jamais se reproduire : «L'évocation de cet évènement n'est qu'une opportunité pour interpeller la conscience humaine, confronter le criminel au drame de la victime et rappeler au monde entier le lourd tribut payé par notre peuple pour le recouvrement de sa fierté, sa dignité, sa liberté et sa souveraineté. »