Plus de 1.200 partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée doivent comparaître à partir de samedi en Haute-Egypte lors du plus important procès depuis le début de la répression qui s'est abattue sur eux début juillet. Parmi les coaccusés dans cette affaire qui sera jugée dans le gouvernorat d'al-Minya, à 250 kilomètres au sud du Caire, figurent de nombreux dirigeants des Frères musulmans de M. Morsi, dont leur Guide suprême Mohammed Badie, selon des sources judiciaires. Ils doivent notamment répondre de violences ayant causé la mort de deux policiers et d'attaques contre des biens publics et privés le 14 août dans cette province, au moment où soldats et policiers dispersaient dans un bain de sang des rassemblements islamistes au Caire. C'est la première fois qu'autant de personnes sont jugées dans une seule affaire, alors que de nombreux procès d'islamistes se sont ouverts depuis la destitution le 3 juillet de M. Morsi, seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte. Des sources judiciaires ont précisé que la première audience se déroulerait en deux temps: quelque 500 personnes comparaîtront samedi, tandis que près de 700 autres seront présentées aux juges mardi. En outre, sur les plus de 1.200 accusés, 200 sont en détention tandis que le reste a été libéré sous caution ou est en fuite. Des sites d'information proches de la confrérie évoquaient de leur côté six tribunaux mobilisés pour accueillir tous les accusés. Depuis l'éviction de M. Morsi, les nouvelles autorités ont lancé une répression implacable qui a fait au moins 1.400 morts selon Amnesty International, dont plus de la moitié le 14 août lors de la dispersion de deux sit-in pro-Morsi au Caire. En outre, en huit mois, des milliers d'islamistes ont été arrêtés et sont désormais jugés, à l'image de M. Morsi et de la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans qui encourent la peine de mort. Depuis la destitution de M. Morsi, ses partisans manifestent régulièrement pour réclamer son retour au pouvoir. Leurs rassemblements ont souvent dégénéré en heurts avec les forces de sécurité et des opposants au président destitué. L'influente confrérie des Frères musulmans a été classée groupe "terroriste" en décembre par les autorités après un attentat pourtant revendiqué par un mouvement jihadiste sans lien connu avec le mouvement islamiste vieux de 85 ans.