Un nouveau palier vient d'être franchi par Israël par la décision de détruire des centaines de maisons à Rafah. Passant à l'action, après l'annonce de la décision prise hier par le cabinet israélien d'Ariel Sharon de détruire des centaines de maisons palestiniennes à Rafah, l'armée israélienne d'occupation a commencé hier à détruire des habitations dans un quartier de la ville frontalière avec l'Egypte. Vingt maisons ont été détruites hier au bulldozer sous la protection de blindés et d'hélicoptères de combat de l'armée israélienne. De fait parallèlement aux destructions de maisons, entamées dans la ville, les hélicoptères israéliens tiraient sur la foule, blessant une dizaine de personnes. Indiquant que cette action de destruction massive de maisons palestiniennes a reçu le «feu-vert» de Sharon, un responsable à la présidence du Conseil israélien à Tel-Aviv a déclaré que l'armée israélienne «allait élargir le secteur contrôlé le long de la frontière égyptienne et que les maisons de Palestiniens vont être détruites». Une telle action de destructions massives est assimilée par la Convention de Genève de 1949 comme entrant dans la catégorie des crimes de guerre. Aussi, Israël vient ainsi de franchir un nouveau palier dans l'exaction contre le peuple palestinien, recourant à toutes les extrémités pour le faire plier. Cette même action de destruction a été menée ces derniers jours dans le quartier de Zeitoun à Ghaza, destructions qui se sont poursuivies hier à Rafah au sud de la bande de Ghaza. Ces destructions ont été menées en représailles à la destruction par la résistance palestinienne de deux blindés israéliens à Zeitoun, dimanche, et à Rafah, lundi, tuant onze soldats israéliens. En fait, cette escalade dans la violence a été amorcée par l'armée israélienne par l'assassinat, sur instruction personnelle de Sharon, en mars et avril derniers, de deux responsables du Hamas, cheikh Ahmed Yassine et Abdelaziz Al-Rantissi, assassinats que les mouvements palestiniens ont juré de ne pas laisser impunis. L'aggravation de la situation dans cette région montre bien que Sharon n'a jamais eu l'intention de retirer l'armée et les colons israéliens de la bande de Ghaza, car, comment expliquer cet acharnement dans la violence contre les Palestiniens et le redéploiement des forces militaires puissamment armées avec en sus la destruction de centaines d'habitations dans les villes de Ghaza et de Rafah. De fait, selon des estimations de l'ONU, plus de 11.000 Palestiniens ont vu leurs logements détruits par l'armée d'occupation israélienne ces dernières années à Rafah, laquelle a été victime de plusieurs expéditions punitives. Réagissant à cette nouvelle donne qu'il estime comme étant une «catastrophe», le négociateur palestinien, Saâb Erakat, a indiqué que «détruire ces maisons sera une catastrophe majeure pour notre peuple. C'est extrêmement grave», ajoutant : «Cela montre qu'Israël a l'intention de rester dans la bande de Ghaza et non de s'en retirer. Ils veulent y semer la destruction comme ils l'ont fait dans la quartier de Zeitoun où l'armée israélienne a tout détruit». La situation dans les territoires palestiniens occupés ayant depuis longtemps atteint le point de non-retour, il est incompréhensible que la communauté internationale ne fasse pas pression pour imposer une force d'interposition internationale dans les territoires palestiniens occupés, force systématiquement déployée partout où des conflits se sont déclarés, comme récemment en Côte d'Ivoire. Des milliers de Palestiniens ont été assassinés par l'armée israélienne d'occupation depuis l'Intifada de septembre 2000, faut-il attendre le génocide de ce peuple pour que le monde se dise enfin concerné par ce qui se passe au Proche-Orient et notamment dans les territoires palestiniens occupés par Israël, un Etat membre des Nations unies et par là même soumis au droit international et aux lois appliquées partout dans le monde dans des situations similaires. M.Annan, quand serez-vous, non troublé, mais horrifié par les exactions que commet quotidiennement Israël contre un peuple désarmé, théoriquement placé sous la protection de l'ONU?