L'Assemblée générale de l'ONU doit se prononcer demain sur un projet de résolution non contraignante soumis par l'Ukraine qui dénonce le référendum en Crimée et le rattachement de cette péninsule à la Russie mais sans critiquer explicitement Moscou. Ce texte est similaire à celui qui avait été soumis au Conseil de sécurité de l'ONU le 19 mars mais qui avait été bloqué par un veto russe. Il «souligne que le référendum du 16 mars (en Crimée), n'ayant aucune validité, ne peut pas justifier un quelconque changement du statut» de la Crimée. Il demande à tous les Etats et organisations internationales «de ne reconnaître aucun changement de (ce) statut». Si elle était adoptée par une majorité des 193 pays membres de l'Assemblée, cette résolution serait non contraignante. Mais un vote massif en sa faveur aurait le mérite de souligner une nouvelle fois l'isolement de la Russie dans ce dossier, selon des diplomates occidentaux, qui craignent cependant de nombreuses abstentions. Le texte soumis par l'Ukraine a été rédigé en termes modérés pour attirer le maximum de votes et ne fait à aucun moment de référence directe à la Russie. «Ce projet de résolution ne vise pas à condamner un Etat membre en particulier», souligne d'ailleurs l'ambassadeur ukrainien à l'ONU Iouri Sergueiev dans une lettre accompagnant le texte et adressée à tous les Etats membres. Le projet de résolution «affirme l'engagement (de l'Assemblée) envers la souveraineté, l'indépendance politique, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues». Il appelle «tous les Etats à s'abstenir de toute action visant à remettre en cause de manière partielle ou totale l'unité nationale et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, y compris toute tentative de modifier les frontières de l'Ukraine par la menace ou l'usage de la force ou par d'autres moyens illégaux». La résolution invite enfin «toutes les parties à chercher une issue pacifique» à cette crise par un «dialogue politique direct». La Russie avait mis son veto le 19 mars dernier au Conseil de sécurité à une résolution occidentale dénonçant le référendum en Crimée tandis que la Chine s'était abstenue. Les 13 autres membres du Conseil avait voté en faveur du texte, rédigé par les Etats-Unis. En tant que membre permanent du Conseil, au même titre que les Etats-Unis notamment, la Russie peut en effet bloquer toute prise de position de cette instance mais cette procédure ne s'applique pas à l'Assemblée générale.