Une nouvelle fois, le magazine satirique de Canal+ Le Petit journal a fait des siennes. Il a présenté avant-hier son quatrième reportage sur l'Algérie, avec cette fois moins de moqueries et de dérision sur le président. Et une nouvelle fois, c'est Canal Algérie qui reste la télévision favorite des journalistes du Petit Journal. Dans sa présentation du sujet, Yann Barthès, le présentateur vedette de l'émission, a reconnu: «On se console en regardant Canal Algérie». Bien sûr, le sujet qui intéresse le plus les journalistes de Canal+, ce n'est pas Le bonjour d'Algérie, l'émission matinale phare de la chaîne nationale francophone, ou l'émission Question d'Actu de Nazim Aziri, ce qui intéresse le plus les trublions du Petit Journal, c'est le Journal télévisé de 19h de Canal Algérie. Considéré pour la majorité des médias français comme la messe de la politique «officielle» algérienne, l'indice d'existence des responsables algériens et surtout le diffuseur exclusif des images du président. De plus, Canal Algérie demeure la seule télévision algérienne du paysage audiovisuel local, qui diffuse ses programmes en français. Même si il existe des JT en français sur les autres chaînes privées algériennes. L'avantage de Canal Algérie, c'est qu'elle est disponible sur le réseau câblé français et que les journalistes français ne captent pas les chaînes algériennes privées diffusées sur Nilesat. Visiblement, Canal+ ne connaît pas encore Wiam TV, le plus grand diffuseur d'images du candidat Bouteflika. Mais l'information principale du dernier épisode du Petit Journal franco-algérien, c'est que les journalistes français n'ont pas encore obtenu leur visa pour couvrir l'élection présidentielle. «On aimerait aller en Algérie pour couvrir l'élection, mais il faut un visa, sauf que l'Algérie ne nous les donne pas», avait dénoncé le présentateur vedette de Canal + Yann Barthès, précisant que ni TF1, ni BFM TV, ni ITélé et encore moins son journaliste Martin Veil, n'avait pas encore obtenu de visa pour venir faire des reportages sur l'Algérie. On constate visiblement que Canal+ ne connaît pas les rudiments du journalisme qui consiste à aller des semaines avant une élection importante et se fondre dans la foule pour réaliser des reportages «intra-muros». C'est la chaîne franco-allemande Arte, qui l'a compris en faisant son reportage sur la présidentielle algérienne du 17 avril. Elle a déjà finalisé le projet et programmé un documentaire intitulé Paroles d'Algérie le 15 avril à 23h30. Le réalisateur Bruno Ulmer a réalisé son reportage au début de mars en Algérie, voyageant même dans le Sud, une zone généralement interdite aux journalistes étrangers en raison des fortes menaces de kidnapping. Paroles d'Algérie, dont la bande annonce est déjà mise on line est un road movie à la rencontre de citoyens, dont la parole exprime autant l'espoir et l'envie de liberté que l'exaspération devant l'immobilisme du pays. Empêché de tourner au grand jour avec une équipe complète par les services de sécurité, le réalisateur français a finalement sillonné le pays avec une petite caméra HD, et rencontré des jeunes Algériens décidés à parler au grand jour de l'Algérie de 2014. Comme tout média français, Bruno Ulmer était à la recherche de poux dans le dos du lion. Il n'a interviewé que des artistes et des journalistes très critiques envers le pouvoir, comme Madani, blogueur de Ouargla, Abdou Semmar, le journaliste ou encore le chanteur Démocratoz à Oran. Documentaire à suivre. [email protected]