«La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain: elle attire l'attention sur ce qui ne va pas.» Winston Churchill Une nouvelle fois, le Petit Journal de Canal + de Yann Barthès s'est attaqué au Grand Journal télévisé de Canal Algérie. Mais pourquoi cet acharnement du journal satyrique français pour l'actualité algérienne? Et pourtant Canal Algérie n'a pas fait de sujet sur la maladie de Mitterrand, la goutte de Chirac et encore moins sur les virées nocturnes de Hollande. Notre problème est que nous subissons, mais nous ne répondons jamais. La Télévision nationale a toujours tendu l'autre joue quand elle se fait attaquer par des médias étrangers. On l'a constaté dans la crise avec l'Egypte, avec le Maroc et aujourd'hui avec un média français. C'est au moment où Marie-Christine Saragosse, présidente de Médias France faisait sa conférence à l'IFA sur ses souvenirs d'enfance algériens, que Yann Barthès avec son équipe de «stagiaires» passait leur sujet satyrique sur l'Algérie et son président. Quelle réponse doit-on réserver à ce genre de propos? Aucune! Sauf l'ouverture audiovisuelle et d'esprit. Le Petit Journal est un magazine satirique qui fait plus mal aux politiques français qu'aux politiques algériens. Il suffit de lui donner de la matière. Plusieurs médias français, dont l'émission Arrêt sur images de Daniel Schneidermann sur France 5, ont su relever des manipulations du Petit Journal, telles que des présentations erronées d'interviews, des compilations tendancieuses, voire trompeuses, d'images, des interprétations biaisées de propos recueillis, ainsi qu'une tendance à dépolitiser la politique. Les Algériens qui se moquent de leurs dirigeants politiques et qui critiquent souvent leur pays et ses dirigeants, ne supportent pas, en revanche, qu'un média étranger critique leur pays et surtout leur président. Le journaliste qui s'est aventuré à critiquer la candidature de Bouteflika, l'a bien compris quand il vient d'un pays qui a été dirigé durant 30 ans par Moubarek et qui s'apprête à être dirigé de main de fer par un militaire jeune qui passera sûrement plus que 30 ans sur les pyramides. C'est pourquoi, il faut que la Télévision nationale s'ouvre et qu'elle cesse de faire de la complaisance et dérouler le tapis rouge à des responsables français venus en Algérie pour quémander l'argent du pétrole qui leur a échappé durant la colonisation. D'ailleurs, c'est cet même Canal Algérie, dont le sujet a inspiré le Petit Journal de C+, qui a consacré plus d'une heure à Nicolas Hulot dans une émission spéciale. Un temps de télévision qu'il n'aurait point obtenu sur une chaîne française. Il faut libérer les talents, permettre la critique sur un JT algérien, donner plus de liberté de ton aux journalistes algériens de la télévision publique. Cacher le présentateur Ahmed Ben Ahmed Khalfaoui, trop carré, trop crispé, qui ne connaît pas la décontraction du petit écran. Il faut libérer les cheveux et les ardeurs de ses journalistes algériennes sur le plateau et cacher «ses larmes de crocodile» de Farida Belkessem. Il faut quitter le studio 3 qui sert de décor sans fond pour toutes les chaînes de l'Eptv pour le Journal Télévisé de 13h, de 18h, de 19h et de 20h et aller vers un décor lumineux orné de lumières de la baie d'Alger, l'une des plus belles de la Méditerranée. L'attaque médiatique de Canal+ qui a perdu en France métropolitaire 26.000 abonnés et 185.000 abonnements en 2013, est stimulant pour une véritable révolution audiovisuelle algérienne et surtout un réveil des consciences et des génies. [email protected]