Il ne suffit pas d'étaler des dépliants sur quelques circuits par-ci par-là pour que les touristes s'y précipitent. L'espace réservé au pavillon algérien semblait trop étroit pour contenir le nombre d'exposants venus faire valoir les vertus du tourisme algérien à l'occasion de la 39ème édition du Salon mondial du tourisme qui se tient à Paris du 20 au 23 mars. Quelque 50 m2 seulement, en effet, pour regrouper les agences de voyages, les établissements hôteliers sous la coupe de l'Office national du tourisme algérien. Comme de coutume, la musique andalouse interprétée par la troupe El Gharnatia de Koléa était au programme pour attirer l'attention des visiteurs nombreux à accéder au Salon en cette première journée. Pâtisserie traditionnelle algérienne, dattes et autres sucreries sont offertes au public agglutiné autour du stand pour assister au spectacle andalou. «C'est magnifique, dira un habitué des participations algériennes, de voir ces jeunes présenter ce spectacle du patrimoine musical algérien! Mais malheureusement c'est toujours la même musique qui est présentée au public. Comme si le patrimoine algérien en était limité». «Où est le malouf, ajoutera-t-il, un peu excédé? La musique kabyle, oranaise, la musique moderne? Le patrimoine algérien est tellement riche qu'il est dommage de le cantonner à ce genre musical!»suggérera-t-il indirectement. D'autres compatriotes présents au salon, partagent la même constatation! Même s'il faut reconnaître les améliorations régulières de la présence algérienne, il est temps estiment-ils de faire un autre saut qualitatif. De l'avis de spécialistes, les promoteurs du tourisme algérien doivent adapter leur type de discours à chaque étape d'évolution. Jusqu'à maintenant et depuis une décennie, c'est toujours le même type de représentation qui est faite de l'Algérie. Musique andalouse, targuie, quelques visuels, dépliants et communications sur «l'inépuisable potentiel touristique algérien». Les questionnements du public et des professionnels étrangers ont évolué positivement. Si à la fin des années 1990 et début des années 2000, il fallait rassurer sur les questions sécuritaires, aujourd'hui les questionnements portent sur l'offre touristique et les prix. Il faut reconnaître que c'est une évolution positive qu'il faut mettre à l'actif des différents responsables qui se sont succédé à la tête de l'ONT. Mais les attentes du public et des visiteurs ayant évolué, il est impératif que le langage «promotionnel» évolue aussi et aille vers la professionnalisation de la présence algérienne. Le discours politique et les discours sur «les vertus du tourisme algérien», avec ses «quatre saisons en une journée», les fameux «1200 kilomètre de côtes» sont des discours éculés et s'avèrent de plus en plus anachroniques». Ils doivent laisser place au discours commercial et aux arguments de vente. Notre interlocuteur regrettera l'absence d'agressivité commerciale en direction des agences de voyages locales et des tour-opérateurs. Il ne suffit pas d'étaler des dépliants sur quelques circuits par-ci par-là pour que les touristes s'y précipitent. Hormis le balnéaire pendant la haute saison, incapable de répondre à la seule demande nationale, l'offre algérienne est riche et variée. A commencer par la balnéaire en basse et moyenne saison largement commercialisable en direction des pays nordiques... Le tourisme culturel et cultuel peut aisément attirer un potentiel important de touristes. Le tourisme saharien ne peut pas être en reste. Khadidja Benmessaoud, directrice de l'agence «Itinerance» basée àTamanrasset,regrette que le tourisme saharien soit quasiment livré à lui-même. «C'est vrai, dira-t-elle, que monsieur le ministre est venu dans la région et nous a rassurés, mais cela n'est pas suffisant. Il faut des actions concrètes pour relancer le tourisme saharien dont vivent des milliers de famille». «Même le motif des problèmes de sécurité, ajoutera-t-elle, invoqué pour justifier la délivrance de visas au compte-gouttes, voire les bloquer, ne tient pas la route. Notre armée est capable de sécuriser la région», conclura-t-elle avec fierté. Ahmed Hamdaoui, directeur de l'agence Takouba Akouba, toujours à Tamanrasset renchérira en disant que «seules les régions frontalières peuvent être évitées. Sinon, le reste du Sud ne pose pas de problème. Il est même possible de se consacrer à des circuits bien définis et entièrement sécurisés dans la région du Hoggar et ailleurs». Il faut rappeler que le Salon mondial du tourisme de Paris attire chaque année plus de 100 000 visiteurs dont plus de 5 500 professionnels sur une surface de 17 000 m2 avec 500 destinations proposées. Autant dire une opportunité intéressante pour aller plus de l'avant pour faire valoir et surtout «vendre» la destination touristique algérienne et lui permettre de se replacer durablement dans le concert des nations touristiques.