Faire du tourisme et respecter le désert, les hommes Bleus sauront le faire. «Il n'est pas dans nos intentions de promouvoir le tourisme de masse», a déclaré le wali de Tamanrasset lors de l'ouverture, dimanche, du premier Salon du tourisme saharien. Un Salon auquel ont participé nombre d'associations et de coopératives pour la sauvegarde du patrimoine targui et pour la promotion de l'artisanat, mais qui a brillé, malencontreusement, par l'absence des Agences de voyages locales occupées par pas moins de 460 touristes étrangers venus cette semaine. Un Salon qui vient donc à point puisque l'activité touristique dans le Grand-Sud a connu, durant cette saison, un essor remarquable. Les experts en tourisme sont même très optimistes. Ils attendent, pour la prochaine saison, environ 100.000 touristes. Un chiffre qui représente, à peu près, la capacité maximale des infrastructures touristiques existantes. Aussi, ne s'agit-il pas, pour ces mêmes experts d'augmenter cette capacité car, arguent-ils, «le tourisme saharien n'est pas un tourisme ordinaire». C'est dire qu'il s'agit d'un produit particulier destiné à des touristes avertis et qui sont prêts à payer pour une «expérience sans précédent», assurent-ils. Le tourisme d'aventure demeure toutefois le plus prisé. Des vols charters provenant d'Europe se sont multipliés durant ces deux dernières années. Une évolution qui a amené les autorités locales à penser davantage à promouvoir le tourisme de séjour. Un type de tourisme qui permettrait à une ville comme Tamanrasset de bénéficier de ce qu'offre le paysage extraordinaire de sa région. Chaque touriste étranger débourserait, selon un chef d'agence de voyages, pas moins de 10.000 FF dans la région. C'est pourquoi, les autorités locales incitent les autochtones à investir dans le produit touristique et à définir des projets susceptibles d'absorber les 68% de chômeurs que compte Tamanrasset. Au Grand-Sud, «il faut des campings d'une douzaine de lits, des auberges qui ne coûtent pas cher, qui sont construites avec des produits locaux et meublés de manière traditionnelle», insiste le président de l'APC de Tamanrasset. Il faut également assurer le transport de la nourriture et de l'eau durant les circuits. Des circuits de plus en plus longs et qui s'étendent au-delà des frontières algériennes pour finir au Niger ou au Mali. Pour ce qui est du partenariat avec des opérateurs étrangers, les Touareg, bien que toujours individualistes et très prudents, sont «prêts à travailler avec les investisseurs étrangers», assure le président de l'APC pour ajouter ensuite que ces derniers «peuvent, en effet, nous aider pour tout ce qui est marketing ou management, mais pour ce qui est du désert, ils ont tout à apprendre de nous». «C'est à nous de leur apprendre à respecter le désert, à respecter le silence», un respect, conclut-il, «inspiré par la peur parce que le désert, comme le Targui, est indomptable.»