Une nouveauté dans le cursus universitaire algérien. Ainsi, une école doctorale de français vient de voir le jour et ce, à compter de l'année universitaire 2004/2005. Notre pays et la France sont arrivés en cette fin de semaine à la finalisation du dispositif de mise en place de cette institution, ô combien importante ! pour les chercheurs et étudiants, longtemps frustrés par ce manque. Pourtant, notre université est en relation directe avec la langue française. Mais le hasard de l'histoire a fait que ces deux institutions ont coupé toutes les relations entretenues durant plus d'un siècle. Rappelons ici que l'université d'Alger a été fondée en 1911 et qu'elle a participé d'une manière efficace à la recherche et au développement de la science et de la langue française. D'éminents professeurs sortis de notre université ont brillé à l'échelle mondiale et ce, à une époque donnée de notre histoire. Ainsi, la décision signée entre dans le cadre de la coopération algéro-française et s'inscrit dans un large cadre d'une «formule de formation de formateurs» et ce, en partenariat avec les universités françaises et la participation d'enseignants de rang magistral dont la contribution consistera en l'accompagnement de cette démarche sur le double plan pédagogique et scientifique. Il est évident cependant que les intervenants à cette rencontre ont oeuvré à la mise en place du programme de formation de deux années. Ce programme est destiné entre autres, «à renforcer l'encadrement des universités algériennes en formateurs de haut niveau en langue française», indiquera le ministère. En ce qui concerne la concrétisation de ce projet tant attendu par la communauté universitaire, il touchera 14 établissements et prévoit 370 places de formation à pourvoir, mises en concours dans trois options en particulier les sciences du langage, la didactique et les sciences des textes littéraires, à Alger, Oran et Constantine. Trois pôles où les traditions de recherche ont une longue histoire dans le forum d'échange d'idées scientifiques. Par ailleurs, il faut relever que cette nouvelle école doctorale de français dont le financement s'inscrit dans un cadre plus global d'un projet entre les deux pays sera financée par le biais de Fonds français de solidarité. Tous les mécanismes ont été abordés avec minutie et les rouages mis en place étaient tellement concertés par les partenaires et ne demandent en fin de compte que leur application. Certes, cette mesure fort attendue depuis des lustres, illustre à plus d'un titre que l'université algérienne veut reconquérir les espaces perdus. Confiné dans un programme tracé par le courant «baâthiste» avec un modèle calqué sur les universités orientales (arabes), nos facultés ont sombré dans un dysfonctionnement et des «absurdités» qui bloquent toutes les initiatives de recherche. Les étudiants et le corps professoral n'arrivent pas à s'imprégner des nouvelles méthodes. Cette situation a été engendrée par plusieurs facteurs négatifs. On mesure aujourd'hui les graves conséquences enregistrées et l'énorme «perdition» toujours croissante de notre esprit d'initiative et d'analyse. «Tout le monde connaît, sait, comprend et intériorise tout». C'est un constat amer auquel a abouti toute la réflexion engagée autour de notre université. Aujourd'hui, plus que jamais, l'ouverture vers d'autres horizons est une «loi» et une démarche inéluctable. On ne peut accepter qu'une minorité bloque toute la science et l'esprit critique au nom d'un idéal qui ne mène qu'à l'impasse. Dans ce contexte, cette nouvelle initiative permet certes une ouverture et une rupture avec le passé. D'autres projets d'écoles doctorales toucheront l'informatique, le droit, les sciences économiques et les langues vivantes et ce, en rapport avec l'évolution croissante des effectifs étudiants. Disons, pour notre part, que cette nouvelle démarche de l'université algérienne met en avance ce sentiment du corps enseignant de sortir de l'immobilisme et de rendre à nos facultés cette image des sciences que certains ont ternie.