Le relâchement de la sécurité autour des principales agglomérations de la wilaya de Tizi Ouzou, est à l'origine de cette insécurité. La situation sécuritaire en Kabylie est en perpétuelle dégradation. Les attaques de convoyeurs de fonds de bureaux de postes et de banques y sont devenues légion . L'attaque, hier matin d'un bureau de poste à Aït Aïssi, à Beni Douala par un groupe de cinq individus armés d'un fusil à pompe et de PA, relance le débat sur la sécurité de ces structures financières. On est loin de l'épisode des bandits d'honneur, où, au moins, les brigands subtilisaient l'argent des riches au profit des pauvres. Cette fois, il s'agit de gangs bien organisés, qui, profitent de la situation d'insécurité pour tirer leur épingle du jeu. Le phénomène, jusque-là étranger à la région, a pris ces derniers temps des proportions alarmantes. A la faveur d'une conjoncture politique et socioéconomique des plus difficiles, des groupes armés non identifiés continuent à semer la panique parmi la population. Le relâchement de la surveillance autour des principales agglomérations de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment, les zones montagneuses, comme Aïn El Hammam, Larba Nath Irathen, Beni Douala...le col de Tirourda, jusqu'aux frontières avec la wilaya de Bouira, est à l'origine de l'insécurité et de la situation délétère dans la région. En l'absence d'informations fiables, il est pratiquement impossible de désigner les responsables de ces hold-up à répétition. L'attaque, au début de l'année en cours de convoyeurs de fonds sur la route de Aïn El Hammam, laisse supposer que les auteurs de ces actions sont des «initiés». Certains observateurs considèrent que le développement du secteur des télécommunications, en particulier la téléphonie mobile, a été mis à profit par les bandits pour réussir leurs coups à la minute près. Par ailleurs, la complicité n'est pas à écarter, puisque dans la plupart des cas, les assaillants sont informés avec exactitude de l'itinéraire des convoyeurs de fonds. Le même constat est valable pour les banques et les bureaux de postes. Ce qui conforte le fait que ces opérations dignes de feuilletons du «far West» ont fait l'objet d'une préparation minutieuse. Se déguiser par exemple en «Afghan» est à la portée de tout le monde, du moment où, ces derniers temps, le racket des citoyens à des faux barrages dressés à des endroits «sûrs» par des individus se faisant passer pour des terroristes, est devenue la méthode adéquate pour faire diversion. Aussi, l'hypothèse de la dégradation des conditions sociales, avec, notamment la montée du chômage, l'absence de perspectives d'avenir pour les jeunes de la région et comme l'oisiveté est mère de tous les vices, le recours à la grande délinquance, semble dès lors le meilleur moyen pour sortir de l'ornière. Ces individus sont aidés dans leur besogne par la confusion généralisée que connaît la Kabylie depuis les évènements du Printemps noir 2001. Ce qui a fait d'elle une région ouverte à tous les interdits en l'absence totale d'autorité. Enfin, la principale problématique qui ressort de ces actes de banditisme, c'est surtout la question de la sécurité des banques et autres institutions financières et surtout celle des convoyeurs de fonds. Ces derniers, en plus d'une situation socioprofessionnelle des plus précaires, ne sont pas rompus à leur nouvelle mission. Celle d'être à chaque instant sur le qui-vive et de pouvoir repousser toute éventuelle attaque. Là aussi, c'est un autre débat.