Le Maroc a interdit à une délégation de députés européens de se rendre à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où elle devait séjourner du 9 au 12 avril afin de s'enquérir de la situation des droits de l'homme. La répression doit se jouer à huis clos. Les violences, la torture...que subit le peuple sahraoui continueront à s'exercer. Sans témoins. Ainsi en a décidé Rabat. Le Maroc vient en effet d'interdire à une délégation de députés européens de se rendre à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où elle devait séjourner du 9 au 12 avril afin de s'enquérir de la situation des droits de l'homme. «Très clairement, les autorités marocaines empêchent systématiquement les observateurs de se rendre dans leur pays pour constater les violations des droits de l'homme: aussi bien à l'intérieur du Maroc qu'au Sahara occidental», a déclaré Ivo Vajgl, député slovène du parti libéral, qui devait faire partie de cette délégation. «Les seuls délégations et individus qui ont le droit de se rendre au Sahara occidental, ce sont leurs amis, ceux qui représentent les positions officielles du Maroc et qui se moquent complètement des droits de l'homme et du sort des Sahraouis», a-t-il ajouté. «Dès que quelqu'un s'engage pour travailler sur la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, on lui reproche d'être pro-Polisario ou pro-algérien. Dans les faits, ils mettent des bâtons dans les roues à tous les observateurs indépendants», explique t-il. «L'année dernière, je devais coordonner une délégation sur place, composée de parlementaires de différents partis. Nous avons été expulsés de l'aéroport de Casablanca et on nous a obligés à rentrer à Paris puis à Bruxelles», rappelle l'élu européen. Les autorités marocaines viennent effectivement de récidiver. Comme il y a un peu plus d'une année, le 6 mars 2013 une délégation de parlementaires européens qui devait s'informer sur l'état des droits de l'homme dans les territoires occupés par le Maroc, avait été refoulée de l'aéroport de Casablanca. De quoi a peur Mohammed VI? «A une semaine du début des négociations au Conseil de sécurité sur une nouvelle résolution sur le Sahara, le timing de ce déplacement ne sert, en aucun cas, les intérêts du royaume», écrit la presse marocaine. «Pire, il ne fera que donner davantage d'arguments et assez de temps d'antenne sur les chaînes étrangères notamment espagnoles, aux pro-Polisario pour tirer à boulets rouges sur la politique marocaine dans la région», s'alarment les canaux d'information proches du Palais royal. Un secret de polichinelle pourtant. «La question sahraouie est très présente au Parlement européen dans la mesure où plusieurs résolutions ont été votées pour dénoncer la violation des droits de l'homme au Sahara occidental et au Maroc», avait indiqué l'année dernière Ivo Vajgl, député slovène du groupe Alde (centre droite) après son expulsion du Maroc. Si l'on ajoute à cela les rapports d'Amnesty International, de Human Rights Watch (HRW), du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center), du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et celui tout récent du département d'Etat américain qui ont tous mis l'accent sur «l'usage excessif de la force contre les Sahraouis, la torture et les restrictions sur les libertés d'expression, de réunion et d'association» on peut penser qu'en principe la messe est dite Le Maroc ne doit, logiquement, pas échapper à la correctionnelle. Verdict avant le 30 avril 2014.