L'anomalie, relevée par cet expert international, mérite d'être observée de plus près par les pouvoirs publics. «Des bâtiments datant des années 1900 souffrent d'un manque terrible d'entretien, des cloisons ont été enlevées ou modifiées et des poutres dégradées. Autant d'éléments qui font que le risque est grand au niveau de la ville d'Alger en cas de séisme», a déclaré hier, Davidovici Victor, expert international et consultant en génie parasismique en marge de la commémoration de la journée internationale du séisme de Boumerdès organisée par le CTC à l'hôtel Sheraton (Alger). Si une année après la catastrophe du 21 mai, le pari du relogement des sinistrés a été gagné, en revanche, le problème des bâtisses non ébranlées par le séisme, actuellement classées en vert, demeure posé. Que faire de ces immeubles? Faut-il les détruire ou au contraire les fortifier suivant des normes parasismiques pour sauver la mémoire collective ? Au plan pratique, il est impossible de restaurer toutes les bâtisses de la capitale, «une tâche que ne peut se permettre d'ailleurs, aucun pays au monde quelle que soit sa force économique» affirme M.Davidovici, ajoutant que «les autorités algériennes doivent faire un choix politique». Telle est la problématique qui se pose en ce moment aux pouvoirs publics surtout que tous les spécialistes, sans exception, prévoient un autre séisme à Alger. «Un séisme de grande amplitude à Alger n'est pas une vue de l'esprit mais un danger omniprésent qui guette la ville et les environs». L'Algérie, comme tout le nord de l'Afrique, est une zone à sismicité relativement forte du fait qu'elle est située à la limite de deux plaques tectoniques, la plaque africaine en confrontation avec la plaque eurasiatique induit les séismes. La révision de la classification des zones sismiques en les portant de quatre à cinq (zone 0, 1, 2a et 2b et 3) en classant Alger et Boumerdès dans la zone 3, a permis de changer les normes de construction appliquées dans ces wilayas pour les adapter aux normes requises pour les zones à sismicité élevée. Cependant, face à cette problématique, ces nouvelles mesures ne changent rien au risque posé. D'autre part, le consultant a relevé des défaillances pouvant être très graves au niveau des bâtiments ébranlés par le séisme et qui sont en phase de restauration. «J'ai eu l'occasion de voir deux ou trois bâtiments qui ont subi des réparations, elles sont loin de répondre aux normes parasismiques, elles sont faites juste pour recaser les familles, mais le risque demeure entier». L'anomalie relevée par cet expert international, mérite d'être observée de plus près par les pouvoirs publics. Les différents acteurs du bâtiment ont-ils tiré les leçons nécessaires en appliquant les amendements législatifs en mesure de parer aux défaillances et pallier les insuffisances dévoilées par le sinistre, qui a fait près de 3000 morts? M Davidovici a fait une visite éclair guidée et limitée dans l'espace, il affirme n'avoir vu que deux à trois bâtiments. Qu'en est-il du reste des bâtisses qui ont subi ces «restaurations»?