Les femmes enrôlées de force dans les bordels de l'armée japonaise durant la guerre ne sont pas un "sujet diplomatique", a déclaré samedi Tokyo suite à un commentaire de Barack Obama depuis Séoul. "Le Premier ministre Shinzo Abe a exprimé sa peine pour les immenses souffrances (de ces personnes), on ne devrait pas faire de cette question un sujet politique ou diplomatique", a déclaré vendredi soir le porte-parole adjoint du gouvernement japonais Katsunobu Kato. A peine après avoir quitté le Japon vendredi matin et être arrivé en Corée du sud, deuxième étape d'une tournée régionale, Barack Obama avait qualifié le violation "monumentale" des droits de l'homme le système de prostitution forcée de femmes asiatiques au service des soldats nippons, mis en place par les Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. "C'était une violation terrible et monumentale des droits de l'Homme. Ces femmes voyaient leurs droits bafoués d'une façon choquante, même dans un contexte de guerre", avait ajouté le président américain. Séoul et d'autres pays asiatiques, dont notamment la Chine, accusent le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne de 1910 à 1945, de ne pas s'être suffisamment repenti sur les "femmes de réconfort", le nom donné par Tokyo à ces esclaves sexuelles. D'après la plupart des historiens, jusqu'à 200.000 femmes ont servi dans les bordels de l'armée impériale à l'époque, notamment des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes, des Philippines et des Taïwanaises. Ce sujet pèse depuis longtemps sur les relations entre Séoul et Tokyo, les deux principaux alliés régionaux des Etats-Unis, qui ont tenté ces derniers mois de réchauffer les liens entre les deux pays. Tokyo avait présenté en 1993 des excuses officielles, mais Séoul soupçonne l'actuelle direction japonaise de vouloir revenir sur celles-ci, malgré les dénégations du Premier ministre de droite Abe. Fin mars, en marge d'une réunion internationale aux Pays-Bas, Barack Obama avait réussi à faire asseoir à la même table autour de lui Shinzo Abe et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, avec lui entre les deux, mais visiblement le coeur n'y était pas. Pour l'influent quotidien Asahi Shimbun, la déclaration de Barack Obama pourrait toutefois aussi être en partie adressée à la Corée du sud, dont les dirigeants actuels refusent tout contact direct avec ceux de Tokyo grandement en raison de ce dossier. Dix jours avant l'arrivée de Barack Obama dans la région, Tokyo avait toutefois annoncé une prochaine rencontre entre hauts responsables japonais et sud-coréens pour aborder la question des "femmes de réconfort" et d'une manière plus générale tenter d'améliorer des relations bilatérales glaciales.